Ils sont drôlement malins, chez EDRLab : ils ont choisi un 16 juin pour organiser le Digital Publishing Summit à Dublin. Et à Dublin, le 16 juin n’est pas un jour comme les autres. On l’appelle le Bloomsday, du nom du personnage Leopold Bloom, dans le fameux Ulysse de James Joyce. Et c’est un 16 juin, a décidé Joyce, que Leopold Bloom déambule dans Dublin. Les premiers à avoir célébré cette date se sont réunis en 1954, cinquante ans après la journée fictive vécue par le personnage de Joyce. Il s’agissait, comme il est raconté sur cette page, d’un petit groupe de lettrés irlandais, et il existe des images de l’événement :
Le DPUB Summit du 16 juin n’est pas une conférence comme les autres : EDRLab célèbre à la fois ses 10 ans d’existence et le fait qu’à ce jour, le dernier de ses membres à avoir adhéré était le 100ème …
Arnaud Robert, le nouveau président d’EDRLab a évoqué, dans son discours d’ouverture , la mémoire de Pierre Danet, principal artisan d’EDRLab, et son premier président en 2015. Il est bon de se souvenir de Pierre, de rendre hommage à sa clairvoyance, à sa détermination et à sa générosité. Il serait fier, j’en suis certaine, de ce qu’est devenu EDRLab au fil des années.
À l’origine du standard EPUB, l’IDPF (International Digital Publishing Forum), dont l’activité est aujourd’hui abritée par le W3C, se consacrait à l’évolution de ses spécifications, laissant à d’autres acteurs le soin de construire des solutions logicielles basées sur celles-ci. Le besoin est apparu, pour accélérer l’adoption de l’EPUB, d’aller au delà des spécifications et de fournir à la communauté des développeurs des SDK (software development kit). C’est ce qui motiva la création de la fondation Readium, et les outils de la « famille Readium » servent aujourd’hui de fondation à la très grande majorité des applications de lecture de livres numériques
EDRLab (pour « European Digital Reading Lab »), une organisation initialement créée pour abriter le siège européen de la Fondation Readium, est aujourd’hui la principale organisation fédérant les acteurs de l’édition numérique mondiale, qu’il s’agisse des éditeurs, des distributeurs, des développeurs de solutions logicielles, des entités dédiées à l’accessibilité… Et ces deux journées de rencontre ont montré toutes les facettes de ses activités, sous le pilotage éclairé de Laurent Le Meur, qui est à la fois directeur et directeur technique de la structure.

De gauche à droite : Marie-Laurence de Rocher, Daniel Weck, Laurent Le Meur, Hadrien Gardeur, Jiminy Panoz.
Mais à quoi sert EDRLab ? Que fait EDRLab ? En dehors des moments particuliers que sont le Digital Publishing Summit, les foires de Londres et de Francfort, le TPAC (conférence annuelle du W3C), EDRLab est plus un lieu où l’on agit qu’un lieu où l’on parle. Je dis « agir », je devrais dire plus spécifiquement « coder ». Oui, produire du code, programmer. On délivre, chez EDRLab, des outils logiciels qui servent de briques technologiques très structurantes pour le monde du livre et la lecture numérique. Ces outils forment la « famille » des outils Readium, avec des versions différentes pour tous les environnements de développement (iOS, Androïd, OSX, Windows etc.). Dans certains cas, il est aussi nécessaire de pousser jusqu’au développement d’applications, pour être en capacité de tester les SDK (software development kit) et mieux appréhender le côté utilisateur, aussi EDRLab développe aussi des applications, qui portent un autre nom : Thorium, qui se déclinent sur PC, sur mobile et sur le web.
(Vous n’utilisez pas encore Thorium ? Trouvez-ici la version qui vous convient : https://thorium.edrlab.org/en/)
Parmi les développements en cours : une application Thorium dédiée à la lecture sur mobile, Readium CLI (Command line interface) permettant notamment d’effectuer sur les EPUB et leurs métadonnées, des opérations en lignes de commande, des fonctionnalités d’annotation dans Thorium… et quelques autres nouveautés dont vous pourrez être informés en vous inscrivant à l’infolettre d’EDRLab ici : https://www.edrlab.org/newsletter/
EDRLab, c’est aussi Readium LCP, TDM Reservation Protocol, les projets ThinkPub, QualEbook, ABELab…
Les interventions ont été filmées, et vous pourrez prochainement accéder aux slides et aux vidéos.
Ce qui ne peut être filmé, cependant, fait l’essentiel d’une rencontre comme le DPUB Summit : l’énergie et la générosité des participants, le plaisir des rencontres et des conversations, le sentiment de contribuer à un projet qui fait sens, celui de mieux faire découvrir et circuler les livres, de rendre la lecture plus confortable, plus inclusive, sans devoir en passer nécessairement par les géants de la tech. Et aussi la beauté de Trinity College, le goëland qui dérobe son sandwich à une étudiante, le trac de certains juste avant de prendre la parole, et la grâce qui semble les toucher dès que leur intervention commence, la Guiness et les lambris du pub, une ville que l’on ne peut qu’effleurer mais où l’on se jure de revenir bientôt, peut-être lors d’un prochain Bloomsday, sur les pas de Leopold…