ABC

Il y a quelques jours, D. nous a rapporté ce livre : ABC 3D, de Marion Bataille. Je ne vous l’aurais pas montré si je n’étais tombée sur cette vidéo sur le blog de Penguin (bien trop paresseuse pour faire la vidéo moi-même) :

Penguin a demandé à plusieurs de ses directeurs artistiques quelles étaient leurs couvertures préférées en 2008. L’une a choisi de montrer un livre entier…

Coralie Bickford-Smith, Senior Designer :

J’aime ce livre. Il incarne tout l’esprit et le potentiel du livre dans ce qu’il a de meilleur, en tant qu’objet tactile, beau et surprenant. Aujourd’hui, alors que les terminaux de lecture numérique proposent une expérience radicalement différente, ce livre représente ce pourquoi le livre en tant qu’objet physique, imprimé, devrait et bien sûr va continuer à vivre.

Marion Bataille explique sur le site de TV5 :

« J’ai passé deux ans à le concevoir avec des ciseaux, de la colle et du carton. (…) Je voulais que le mouvement d’ouverture de la page déclenche automatiquement le déploiement de la lettre sans que l’on ait recours à des languettes, et n’ai utilisé que trois couleurs: le blanc, le noir et le rouge.»

Trois couleurs, 2 ans de travail, et toutes les rêveries que les 26 lettres de l’alphabet peuvent engendrer.

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Passer en première

Souvent, la question est : « Sur quoi lirons-nous ? », et c’est une question plutôt amusante, bien que tout le monde semble avoir compris maintenant qu’elle comporte de multiples réponses. Nous lirons sur papier, sur écran, sur e-paper. Nous lirons sur les écrans lumineux et connectés de nos PC, de nos netbooks, de nos iPhones, nous lirons sur les écrans calmes de nos liseuses. Nous nous poserons pour lire longtemps. Nous lirons aussi rapidement, entre deux rendez-vous, entre deux stations, entre deux gares. Nous lirons de longs textes, nous lirons des bribes, nous aurons des lectures interrompues et désordonnées, et des lectures sans fin. Nous lirons à voix haute, nous lirons à plat ventre, nous lirons en cachette, nous lirons distraitement, nous lirons les sourcils froncés…

Euh… En es-tu bien sûre, Virginie ? Et si la question n’était pas : « sur quoi lirons-nous ? » mais plutôt « allons-nous continuer à lire ? »

Adrian Hon réfléchit sur cette question dans un long billet :  » The Long Decline Of Reading« . Adrian conçoit des jeux vidéo, plus particulièrement des ARG (Alternate Reality Games). Il est aussi le concepteur de l’opération  » We tell stories« , l’une des expériences émanant d’un éditeur (Penguin UK) les plus intéressantes de l’année 2008. À la lecture de son article, je réalise que les différentes réalisations de We Tell Stories ne sont pas des alternatives à la lecture, mais sont plutôt conçues comme des « embrayeurs » de lecture.

Voici la conclusion du billet d’Adrian (traduction maison) :

Allez dans n’importe quelle conférence sur les jeux vidéo, nous entendrez les gens parler de « récompense ». Les concepteurs ont réalisé (ou décidé ?) que récompenser le joueur en permanence était le moyen de l’accrocher. Ces récompenses peuvent prendre la forme d’extraits d’histoires, de nouveaux niveaux ou de nouveaux mondes, de trophées, d’animations, de vidéos, de points… qu’importe. Quellles qu’elles soient, elles doivent revenir régulièreemnt et fréquemment pendant la totalité du jeu, et, le plus important, au début du jeu.

Dans les dix premières minutes de beaucoup de nouveaux jeux, les joueurs reçoivent un tel tourbillon de récompenses qu’on ne pourrait leur en vouloir s’ils simaginent avoir gagné à la loterie, vaincu le cancer, ou réussi à finir le jeu. Cela peut sembler ridicule, et parfois ça l’est, mais un encouragement constant maintient le joueur en contact avec le jeu suffisamment longtemps pour qu’il entre dans l’histoire et dans le gameplay.

Les livres ne sont pas interactifs. Vous ne pouvez pas donner aux lecteurs des récompenses parce qu’ils ont réussi à atteindre la page 6 (bien que…) Le principe est cependant le même : vous devez donner de l’élan au lecteur. Vous devez l’aider à traverser ces dix premières minutes énervantes, pendant lesquelles il n’est pas encore immergé dans le flux, et qu’il est encore susceptible d’être distrait par la télé, la radio, son portable, son ordinateur. Après ces dix minutes, s’il est accroché, il est accroché…

C’est facile et c’est amusant de vouer aux gémonies les nouveaux médias comme les jeux vidéo et internet, mais d’eux, nous pouvons apprendre beaucoup. Les designers de jeux n’ont jamais connu d’époque où il n’existait pratiquement pas de distractions. Ils ont toujours du combattre pour leur attention dans le plus grand torrent de divertissements de l’histoire. Faire que ces premiers paragraphes, ces cinq premières pages, soient toujours plus palpitantes sera la meilleure manière d’attirer de nouveaux lecteurs. Que cela soit réalisé au moyen de texte ou d’une présentation, via des sonneries de cloches et des sifflements ou du drame, l’objectif est de capturer l’attention. et ensuite, graduellements, insidieusement, engager les gens à continuer à lire par la seule force de la narration .

Nous avons tous besoin d’embrayeurs pour lire des livres. Dieu sait que j’en ai besoin – et si je tombe du train de la lecture en lisant un livre qui ne me plait pas, il peut se passer des semaines avant que je n’entame un nouveau livre.

Des embrayeurs de lecture ? Et puis quoi encore ? Je n’en ai pas besoin. Vous n’en avez pas besoin non plus, chers lecteurs de teXtes. Mais Adrian nous parle des « digital natives », ceux qui ont grandi dans une cacophonie d’informations, assaillis d’occasions de divertissements. Si vous n’en avez pas sous la main, essayez de vous procurer un ado, et posez-lui la question :  » Tu lis quoi en ce moment ?  » Bien sûr, il y a des exceptions : votre neveu, qui a commandé « les Mémoires d’outre-tombe » à Noël, votre filleul, qui n’entend pas quand on l’appelle à table parce qu’il est plongé dans « Le temps retrouvé »… Cherchez alors un ado plus représentatif, si vous voulez, je peux vous en prêter un.

Moi, ce dont j’avais besoin, en ce début d’année, c’est d’un embrayeur d’écriture. Merci Adrian de me l’avoir fourni avec ton billet.

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Que faisiez-vous en 2008 ?

Que sais-tu de moi Facebook ? Que disent de moi ces petits mots jetés sur le clavier, adressés à mes « amis sur Facebook », ces « nouveaux autres », pas tout à fait des inconnus mais, pour la plupart d’entre eux, jamais rencontrés, à qui je n’ai pas serré la main, dont je n’ai jamais croisé le regard ni entendu la voix ?

Je suis l’exemple de François, (et je ne suis pas la seule : voir Pierre Ménard, Lignes de fuite, Arnaud Maïsetti, KMS…) et je publie, par ordre antéchronologique, ces bribes de quotidien, ces petits riens qui racontent le temps qui passe, le jeu de cache-cache entre public/privé.

J’ajoute ceux de 2007, pour inclure les status qui commençaient encore par « is », ce qui fournissait une contrainte amusante à gérer, et a occasionné une avalanche de constructions syntaxiques originales et souvent bilingues, avant que l’équipe de Facebook s’avise que dans quelques régions du monde les gens ne s’expriment pas en anglais.. (quoi que… il y a pas mal de mots anglais dans mes status, à y regarder de plus près, un peu idiot pour quelqu’un qui a lancé « liseuse » à la place de « eReader »… et maintenant, même Denis Zwirn l’emploie…)
Et vous, aimez-vous donner de vos nouvelles en utilisant les status de Facebook ?

Status 2008 :

apprivoise le temps libre. 21:08 –

Vacances, j’oublie tout. 20:12

change à Denfert direction porte de Clignancourt. 18:11 –

ça plane pour Claro. 15:30 –

téléphonez-moi ! http://tinyurl.com/5amozx. 10:54 –

Si tu savais comme on s’ennuie… http://www.deezer.com/track/298406. 22:57 –

Que faites-vous en ce moment ? 18:09 –

« -Hypocrite lecteur,-mon semblable,-mon frère ! » 00:35 –

se tape la tête contre le firewall. 11:57 –

observe la boîte de nicopatches d’un Œil mauvais. 23:37 –

n’a rien à vous dire. Vraiment rien. 22:44 –

On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour… 15:54 –

poke-mi et poke-moi sont dans un bateau. 15:49 –

consulte le guide de l’utilisateur. 22:53 –

regarde et écoute Michel Butor http://tinyurl.com/6rv2px. 10:16 –

et mon rhume, tu l’aimes, mon rhume ? 20:00 –

Lire Pessoa au Père Tranquille. 15:00 –

Viens / Allons voir la neige / Jusqu’à nous ensevelir. 12:29 –

J’peux pas dormir j’fais qu’des conneries http://www.deezer.com/track/2238997. 12:18 –

La fille qui murmurait à l’oreille de son aspirateur. 11:26 –

Bonne route, bonne route http://fr.youtube.com/watch?v=6cJiBW74mZs&fea ture=related. 23:35 –

juste avant de se coucher, traîner encore un peu. 00:00 –

démine. 17:31 –

Effet kiss cool d’une réunion annulée au dernier moment. 15:36 –

bon c’est bien gentil de bloguer, mais faudrait peut être faire un peu de cuisine aussi de temps en temps. 20:52 –

mijote. 11:22 –

dégage en touche. 17:38 –

En panne pour rédiger un statut facebook flamboyant ? Lisez Gunthert ! 00:12 –

extrapole. 10:57 –

je ne veux pas travailler / je ne veux pas déjeuner /…/ et je fume. 12:05 –

voilà ce que c’est que de veiller jusqu’à 3 du mat. 19:27 –

Pauvre pauvre pauvre pauvre point. 16:05 –

efface gomme delete coupe pomme-X. 17:52 –

un petit peu à côté de la plaque le Facebook, me connaît mal. 13:34 –

inter-éditise. 21:34 –

had Babelio lunch. No wine, but « café gourmand ». 18:30 –

à Beaubourg, les futuristes se cubisent, et les cubistes se futurisent. 22:02 –

se fatigue pas à chercher le statut qui tue. 18:47 –

Hier soir, François Bon a mis le feu à la cinémathèque. 11:09 –

s’est coupé les cheveux pour continuer de ressembler à sa photo dans facebook. 22:11

réfléchit de la main gauche. 22:05 –

bagel dègue au Starbucks Odéon, mais wifi ok. 12:42 –

procrastine à mort. 12:18 –

les brunes comptent pas pour des prunes. 15:03 –

roule et n’amasse pas mousse. 08:26 –

égarée dans la vitesse des choses. 17:55 –

a égaré sa désinvolture. Si vous la trouvez, merci de me la rapporter

se dézippe en sortant du métro. 09:01 –

se désinteresse. 22:52 –

s’intéresse. 23:04 –

cherche un(e) stagiaire. Licence ou master édition, intéressé par problématique livre/numérique, familier web 2.0. 11:05 –

tout un dimanche à la campagne, au calme. 21:05 –

grimpe dans tous les Arbres à lettres, pour y dénicher de nouvelles lectures. 07:37 –

désapprouve sévèrement la chute brutale de la température à Paris. 17:14 –

anticipe. 15:29 –

essaye de se concentrer. 15:14 –

pointe son nez. 16:31 –

se fait oublier.

prend son temps. 11:35 –

ne campe pas sur ses positions. 00:29 –

Mastroianni Monica Vitti Jeanne Moreau : Antonioni… Mmmm. 23:37 –

ben non en fait, les vacances c’est plus tard… c’était pour rire. 23:35 –

on dirait que ce serait les vacances… 18:41 –

s’investit. 10:50 –

publie un billet beau comme un camion. 18:41 –

mais c’est quoi ce temps de M ? 15:03 –

petite jupe noire. Et c’est tout. 12:08 –

préfère manger dehors. 01:03 –

file à la campagne. 11:44 –

s’occupe. 15:24

reboote. 07:39 –

Privés de la fin de la finale à Wimbledon… Grrrr ! 21:21 –

Il y avait longtemps que je n’avais pas dansé comme hier soir… 11:01 –

Ma Lulu bac en poche, commence les plus longues vacances de sa vie. Yeah ! 21:56 –

Aller nager le midi et se croire en vacances. 11:09 –

Salut mon agrégateur, tu m’as l’air en pleine forme… Allez, j’attaque. 16:37 –

Carpaccio en terrasse avec mon amoureux. 22:44 –

trie des papiers. Eloigne les factures de sa vue. 13:02

soirée en solo. Tous partis. Drôles de petits bruits dans l’apparte… 23:18 –

a tendance à bouder facebook. La faute à Twitter. 12:08 –

file à Wimbledon en quittant son bureau. 23:08 –

fait avec, enfin non, fait sans. 09:52

derniers jours avec le Québecois… Bouuhhh… 17:49

bac philo pour ma girl… Be cool Lulu. 07:32

revient du BookCamp, avec LE tshirt. 22:05

fait du toboggan sur powerpoint, trop fastoche. 12:49

improvise. 21:00

écrit dans des petites cases. 12:27

désobéit. 18:21

ciné, web, télé, et Richard Powers (le temps où nous chantions). 23:40

essaie de se concentrer. 21:39

bon, on fait quoi alors ? 09:38

a revu un vieil ami… non lui non plus il n’a pas changé. 09:33

le 13 mai leur a pas suffi. 22:00

tôt levée. 07:53

n’a pas les idées claires, alors qu’il faudrait. 18:10

non, pas en short, en robe d’été finalement. 13:10

en short. 11:32

enchaîne. 20:55

atelier eCrm : et si on le faisait dehors, dans un parc, au soleil ? 07:50

me suis bêtement cassé le petit doigt. Apprendre à taper avec les 9 qui marchent encore.18:14

Désherber le jardin. Désherber ma tête. 19:09

POD livres épuisés chez Faber & Faber http://tinyurl.com/5eakcj.18:30

jugement dernier : http://tinyurl.com/69mzz7.16:05

observe un écureuil dans le jardin. 08:34

Tôt levée. Concert de chants d’oiseaux., rien que pour moi. 07:07

Départ pour la Normandie. On est toujours terriblement longs pour les décollages…10:07

parfois j’aimerais être toute petite, blonde, mystérieuse et maussade. 19:20

I love… I hate… I wish…. http://www.twistori.com/.21:42

Ma nuit sera plus belle que vos jours, et elle va commencer très tôt, je baille déjà… Pourtant c’est beau, le web, la nuit.21:20

Une fleur tombée/remonte à sa branche !/Non ! c’était un papillon – Arakida Moritake.18:25

Un système fermé, protégé, quasi impraticable. Et on vous déclare sans rire : on rajoutera une petite couche de Web2.0. Et youpi !17:18

Un système tout fermé, protégé, impraticable presque. Et on vous déclare sans rire : on rajoutera une petite couche de Web2.0. Et youpi !17:16

Barre d’outils Firefox pour GoogleDocs. Génial pour ceux qui ont leur bureau dans les nuages : http://gdocsbar.com/.11:18

…. à Göttingen, à Göttingen. 01:10

Ben alors, Soleil, t’es déjà reparti ?09:10

Vous m’avez manqué. 22:22

Petit dej en terrasse au soleil.09:30

journée de Air Taie Thé. 14:08

BookCamp : toujours plus d’idées, de quoi alimenter un BookCamp mensuel pendant au moins un an !16:41

et c’est parti pour une soirée filles only – encore mieux : soirée meilleure amie !18:12

Je fais mon petit Sherlock Holmes sur le web, j’adore ça ! 18:11

on dirait qu’on serait amis. 22:26

oublie alors doit toujours ré-apprendre. 22:13

Olé !18:29

Pas tous, mais presque.16:58

déjeune toute seule, en lisant un journal en papier. Bon pour les yeux.

Je l’ai mon accès gratos à l’encyclopædia britannica. Plus qu’à lire… 10:44

Montage de vidéos de vacances avec iMovie : trop amusant… 18:59

Vivre avec des ados : ne jamais prévoir un déjeuner le dimanche midi. 12:53

t’as vu ? les arbres du parc sont en fleurs. Il fait doux. Viens, on va se promener.

Thinking about netx Bookcamp.12:02

no direction home. 11:36

like a complete unknown. 20:03

pousse son caddie chez Amazon. 10:10

se pointe avec son power point. 15:34

parfois,: impossible de trouver les aiguilles dans la meule de foin. Alors, aller se promener. 22:32

Publishing As A Service ? Why not ?22:01

ne vous dit pas… 23:56

photo échange avec le Chasseur de clous. 21:50

brodeuse de fils RSS, pâtissière de Delicious, danseuse de Twitter, bergère de Facebook, touriste de Twine. 23:14

piquets de grève devant Le Monde. Banderole : LE MONDE EN GREVE. 14:15

presse des oranges pour ses ados : vitamines pour le bac blanc. 08:13

tranquille pour bloguer le dimanche matin, pendant que tous les autres ici dorment. 13:12

can get no satisfaction. 15:32

soleil radio petit dèje pas pressée. 08:42

J’arrive elle s’en va… Ce soir on se croise. Les enfants sont faits pour s’en aller. C’est comme ça. 22:45

traverse le marché Blanqui, tapis, poissons, légumes, appels des marchands et puis hop… au bureau. 11:06

rentrer à pied du restau, tranquillement, dans la nuit parisienne. 01:23

réunion de dernière minute. 14:32

j’avoue j’en ai bavé pas vous ?14:19

AI installé Adobe Air. Essaie TwitterLocal.23:46

Paris sans neige, sans soleil, sans pluie, sans rien.18:24

en avant pauvre point, slide après slide.15:56

Comment faire de la veille quand on a tellement sommmeil ? 11:08

doesn’t sleep. 01:08

insiste. 14:51

essaye Twine. 11:17

goûter-dîner jambon cru asperges tarte aux fraises chez nos voisins-amis. 23:49

pèse le pour et le contre. 14:03

a vu « un cŒur simple » : un très beau film. 22:50

coupe en deux des crevettes dans le sens de la longueur, une recette pour cuisinières maso. 13:54

s’interroge. 23:58

grignote la marge. 10:15

est en synergie, grave. 09:25

adore conduire dans Paris la nuit. 00:21

customise. 15:52

extrapole. 14:11

vilaine fille. 21:38

vous accroche des poissons en papier dans le dos, discrètement. 08:18

ce soir blanquette de veau et c’est tout. 21:28

rêvasse. 12:24 lance des alertes optimistes. 18:41

virevolte. 16:36

est accro à Slice. 18:33

minimise. 09:53

est mauvaise en Javascript, grave. 20:20

All I Really Want To Do. 23:36

s’éternise. 23:01

obtempère. 17:06

La Roche sur Yon, trop bon. 23:16

il faut bien. 11:25

rédige. 10:30

se laisse flotter. 17:38

redimensionne. 15:29

slalome. 12:29

délimite. 13:13

extrapole. 17:07

a aimé l’expo Louise Bourgeois à Beaubourg. 11:42

se fait des films. 12:36

non mais ça va pas la tête. 15:23

aime quand ça discute ferme sur son blog. 14:52

chaque matin, croit qu’elle ne retrouvera jamais ses clefs. 09:13

ne s’en fait pas (ne s’en fait pas). 18:15

regarde par la fenêtre. 09:14

est sage comme une image. 22:01

si si François c’est un petit peu marrant quand même :). 07:51

nomme. 22:02

au Botswana avec Mma Ramotswe. 23:56

s’aventure. 16:34

chipote. 00:41

casse des cailloux. 11:58

regrette parfois le « is. » 12:59 s’éternise. 18:43

T’exagères ! 23:45

voyage sur un strapontin. 20:32

dévie. 08:32

plonge. 20:13

se souvient. 23:53

pense à vous de temps en temps. 10:18

remercie toute l’équipe. 00:27

un poil découragée, peut-être. 00:18

esquinte ses jolis yeux avec pauvre-point. 19:25

chante « quelqu’un qui m’a dit » » au volant de sa Lancia. 22:47

a fait des rêves bizarres. 08:56

journée aux champs. 16:22

sifflote, les mains dans les poches… 12:15

a les neurones qui dansent le twist. 22:47

respire. 13:30

téléphone à sa meilleure copine. 17:42

prépare son cours à la dernière minute. C’est mal. 23:00

fait ses devoirs à la maison. 19:03

Zazie ne prend plus le métro, elle roule en vélib. 19:01

vous embrasse pas: trop enrhubée. 06:45

rend grâce à l’aspirine. 11:17

s’acclimate. 22:11

goûte à Ginger. 12:43

Surtout ne te retourne pas. 22:16

s’attend à tout. 09:17

revoit toujours Jules et Jim avec plaisir ( (« dans l’tourbillon d’la vie »…) 23:48

Tchekhov (3 soeurs) à la MC de Bobigny. 21:45

pas blog, pas blog. 11:27

blog toujours en rade, mais connection ADSL rétablie. 11:19

is en panne de presque tout. 15:14

is déconnectée. 09:36

is following the macworld keynote too. 18:55

se rapproche. 01:37

fait la tête, mais ça se voit pas sur sa photo facebook. 07:26

est triste, ça arrive. 14:17

se souvient de cette lumière, à Collioure. 18:11

« Je vais bien ne t’en fais pas (ne t’en fais pas) ! » 23:11

adore les invitations à l’improviste. 20:19

is Fassbindering. 13:50

is sleeping. 23:31

Protection des données privées : personne pour protéger celles de S. de Beauvoir… 23:27

pense aux nuits étoilées dans les Cévennes au mois d’août. 17:10

cette année : acheter de nouveaux classeurs pour compta 2008 avant le mois d’avril… 10:45

tout le Monde démissionne. 22:46

t’es encore là, toi ? 23:36

bouge de là. 22:38

à quoi elle pense, elle pense à rin. 07:26

n’est pas rancunière. 22:25

de bon matin… 07:43

bidouille l’ordi de sa fille. 00:26

premier janvier flemmard. 19:54

souhaite une bonne année à ses zamis cachés dans fessebouque. 04:49

Status 2007 :

concocte des parfaits au chocolat. 19:38

est trop une winneuse au poker.

is ♪♪♫♫♪♪♪♫♪, encore et encore. 15:00

is ♪♪♫♫♪♪♪♫♪ dans la salle de bains. 10:03

: vite un café. 09:56

is ça s’en va et ça revient. 10:30

arrête avec la Sachertorte, c’est bien maintenant ! 21:59

« auf wiedersehen Wien ! » 20:32

se perd dans le MQ, le Museums Quartier à Vienne. 09:59

se rend dans Parkgasse, voir la maison dessinée par Wittgenstein. 09:56

arpente Vienne. Il fait -5°. Est-ce que Ingeborg Bachman a marché dans cette rue ? 22:25

ranger, trier, jeter, jeter, jeter. 23:23

mort d’un grand éditeur, mort d’un grand écrivain : triste semaine. 18:30

is au dessous du volcan. 23:42

fin de partie. 12:31

ajoute3 bugs en essayant d’en fixer 1. 19:12

pratique la procrastination. 17:40

is at work. 15:20

Je me souviens d’Electric Minds. 12:07

Nicolas et Carla are now friends. 22:25

Serait-ce possible alors ? 21:55

Jouez hautbois résonnez musettes. 08:11

de retour dans sa ville natale : on dirait qu’elle a rétréci. 23:45

vérifie la loi des rendements décroissants. 10:36

is, or isn’t ? Is that the Q. ? 15:36

is J’aime pas le marketing. 19:41

is Que sont mes friends devenus ? 11:07

is Regarder son adversaire comme s’il était une montagne au loin. 11:06

is in the Memphis blues again. 18:16

is Faut-il vraiment ? 08:48

is Boum, quand notre coeur fait boum, boum. 01:29

is Même pas mal. 15:07

is manger manger. 12:25

is oblada. 08:27

is toi toi mon toi. 01:00

is De l’aube claire jusqu’à la fin du jour… 00:57

is Insomnie avec Olivia Rosenthal et A. 13:14

is vélo dans Paris sous la pluie. 22:44

is Efferalgan ou Doliprane ? Aspégic 1000. 10:25

is d’un Z qui veut dire Zorro (Zorro… Zorro…Zorro…) 16:23

is plutôt une gentille fille. 10:48

is téléphone maison. 00:25

is chouette une réunion, chouette chouette chouette… 19:48

is Observe les ouvriers sur le chantier en face de son bureau. 10:56

is Mojito – Lectures au Plastic Bar. 01:22

is Vous regardez trop votre écran d’ordi, bonjour ! 08:25

is I’m not there. 01:20

is Good night sleep tide. 00:42

is Crème de jour, rouge à lèvres, où sont mes clefs, et mon portable, t’as pas vu mon portable ? 09:54

is attend le marchand de sable. 00:28

is fessebouquing. 19:15

is mothering : marre des dissertes… 19:12

is atchoum. 17:31

is ♪♪♫♫♪♪ aussi. 15:53

is Sorry, angel, sorry so… 11:03

is at home. 08:05

is blogging again and again. 23:06

is Bus 27 ing. 18:43

is Non non ma fille tu ni’ras pas danser. 12:59

is Oh Zut François, obligé d’acheter un iPhone… 08:39

is on n’improvise que deux fois. 18:12

is Pas pire. Et vous ? 08:31

is T’as d’beaux yeux, tu sais. 23:04

is No more pitch ? solitude oubli anonymat alcoolisme déchéance… puis : rencontre coup de foudre renaissance triomphe. 17:18

is Drôlement pas content, François… ouh la la. 22:07

is J’ai du rêver trop fort. 08:54

is at home at a party sleeping at work. 12:25

is Linking people. 12:18

is Epluching des haricots verts. 10:41

is All your base are belong to us. 17:41

is Je ne me sentis plus guidé par les hâleurs. 23:34

is Ouiquenne, ouiquenne, on va manger d’la baleine.

is un peu toc toc à cause des TICE. 08:56

is C’est comment qu’on freine ? 22:43

is De l’autre côté de l’écran. 12:49

is singing dans sa tête « Under my thumb… » 12:34

is at work. 12:25

is Je hais l’informatiqe, les câbles, les liaisons ADSL, les clés USB, quand ça marche pas, et souvent ça marche pas. 00:57

is Ne plus écrire qu’au tableau, ou dans le cahier de textes ? 17:06

is Cabulodulac ? Lanolacabulo. 16:44

is moi aussi d’abord je veux des cadeaux comme André Gunthert. 18:58

is blogging, adding comments here and there, butterflying. 00:33

is Family life. 14:17

is Faire tourner des ballons sur son nez. 11:59

is Mon âge, ton âge, et l’âge du monde. 09:40

is Faire tourner des ballons sur son nez. 09:37

is Olivier, on n’écrit pas : « ds jns d jdsnf » mais « ds jnsd jdsnfe ». »jdsnf » est un nom féminin. 14:42

is C’est çui qui le dit qui y est. 10:03

is tient les reconstitutions pour des aboutissements . 00:53

is faites attention à votre attention. 08:26

is moot mooting. 22:23

is Nos blogs sont plus beaux que vos sites sociaux. 01:53

is traces d’avion dans le ciel bleu. 08:12

is Ikea un dimanche trop bonne idée. 20:51

is soirée lectures de poésie éditions Le bleu du ciel. 23:27

is « Non ce n’était pas le radeau de la méduse ce bateau… » 10:29

is reading le dernier Philip Roth. 22:45

is « Rien, sinon un beau Pèse-nerfs. » 22:38

is en train de penser à ce qui s’est passé en Finlande hier. 19:45

is respiration abdominale. 08:31

is You Tubing. 17:54

is silence, ma chaise de bureau tourne ! 16:39

is getting some news from you all. 21:43

is cooking. 19:57

is at work. 11:42

is sont des mots qui vont très bien ensemble. 07:20

is seule. On est bien, seul, aussi. 23:05

is a desperated working girl. 08:26

is at home. 08:24

is Comme dit si bien Verlaine. 23:26

is I would prefer not to. 10:50

is jalouse du dernier post de Christian Fauré sur Bouvard et Pécuchet, trop bien. 03:03

is d’humeur blogueuse. 02:37

is private life chut ! 11:47

is Village Tao-Tao canard laqué à la pékinoise. 00:05

is tombing de sommeil… 00:44

is philo avec ma girl. 23:54

is d’humeur espiègle. 18:20

is automne. Le lit semble plus douillet lorsqu’il faut le quitter… 08:49

is dubitative (j’adore ce mot). 00:01

is facebooking une tite minute et puis travail travail. 18:34

is procrastinating. 12:49

is loving Motorcycle Boy. 23:49

is énervée par un troll sur teXtes, un vrai gros barbu chapeau pointu. 15:36

is organiser son temps, et laisser aussi un peu de désordre pour respirer. 13:33

is se balade sur Ning, parce que Facebook n’est pas le seul réseau social (heureusement). 22:39

is a regardé l’émission de Ph. Boisnard sur libr-critique. 13:37

is contente de pas s’appeler Martine. 23:59

is aujourd’hui : air taie thé, trop bien. 08:33

is j’ai descendu dans mon jardin pour y cueillir du romarin. 23:19

is maintenant on est un peu chez Microsoft ici, ça me fait pas tellement plaisir, pas vous ? 15:15

is Sonate de Mozart pour violon et piano, et pas les infos à la radio. 08:28

is bus pour la montée, vélib pour la descente. 20:11

is regarder son adversaire comme s’il était une montagne au loin. 08:48

is derniere fois que je discute de cette maniere sur mon blog, avec un anonyme bouffi de prétention. 21:47

is insomnie, canapé, lecture. 08:37

is discute avec Jean sur son blog. 20:14

is c’est parti… 11:27

is bonjour vous, fait de beaux rêves ? Café ? Thé ? Pain beurré ? 08:28

is faising l’infirmière pour chéri malade. 22:52

is les friends boivent le thé avec leur frangine en grignotant des petits lu. 20:10

is Olivier est rien qu’un copieur : ). 14:37

is laisser le bain refroidir autour de la lecture. 12:04

is caddie rempli, week-end commence.

is elle est passée par ici, elle repassera par là. 19:59

is une femme libérée tu sais c’est pas si facile. 08:30

is remembering FIFARC 1984 à Bordeaux. 08:26

is remembering FIFARC 1984 à Bordeaux. 16:12

is tant de belles rencontres aujourd’hui. 00:35

is écrit maintenant à l’endroit ça change. 00:54

is koobecaF snad srevne’l à tircé. 08:26

is l »automne derrière les fenêtres du train. 05:58

is lundi aller retour à Dax – 10h de train pour 2h de RV. 23:58

is ce matin vu un couple faisant du taï chi sur le parvis de la BNF. 11:56

is ciel mon mari m’a added as a friend. 20:38

is café au MK2 bibliothèque après remplissage caddie puis flâner à la librairie. 15:41

is s’endormir sur la page, lâcher le livre, éteindre. 00:17

is is…is…is….is… is…is…is….is… 22:09

is O happy day. 08:10

is pas très convaincue non plus mais bon rarement très convaincue de grand chose. 23:24

is eh, les filles, contentes pour Doris ? 18:43

is le marketing j’aime pô ça. 17:31

is degueulasse, qu’est-ce que c’est dégueulasse ? 08:05

is pas dur non plus poulet au citron. 22:49

is au ralenti : c’est pas malin de bloguer jusqu’à 2 du mat’. 17:08

is bien dormi ? ça va, vous ? 08:14

is bonne nuit les petits. 01:18

is in the mood for… 01:03

is ravie d’avoir entendu Roger Chartier au forum SGDL. 19:02

is vers l’hiver : la nuit dehors au réveil. 07:41

is forum à la SGDL : Gens de Lettres, encore un effort… 17:39

is lundiiiiiiii. 09:38

is courir ce matin tôt dans Paris : démontage de la « nuit blanche. » 09:56

is Higway 61 revisited. 17:35

is de bon matin, maison endormie, tranquille. 08:05

is trop fatiguée pour bloguer, dommage, on verra demain. 23:15

is matin, infos à la radio. 08:33

is trop de téléphone aujourd’hui, assez ! 00:13

is « Free Burma » – Liberté pour la Birmanie. 07:54

is tombe de sommeil. 23:41

is super joyeuse, la la la la lère. 20:55

is vous vous en fichez pas mal, c’est normal. 08:57

is family life. 23:19

is aujourd’hui, petite robe sage. 10:24

is having beautiful dreams. 23:40

is reading her friends status. 20:17

is perdue dans Greenwich Village en 1962. 14:14

is toujours un peu jalouse des petites amies de Bob Dylan. 00:05

is j’veux du soleil. 16:28

is marre du boucan de la photocopieuse d’à côté. Pourquoi tant de papier ? 15:50

is en train de sécher, après vélo sous la pluie dans Paris. 13:24

is loving réunions de parents d’élèves trop trop coool. 19:53

is frigorifiée et à moitié endormie. 11:52

is pedaling sur son velibe. 10:27

is belle, belle, belle comme-eu le jour. 06:51

is vite un café où je meurs. 14:51

is rentrée déjeuner chez elle : super rare ! 14:49

is (non, pas is) regarde tomber la pluie. 07:49

is zzzzzzzzzz….. 00:01

is helping her son to réviser contrôle de math. 23:04

is ready to go to the swimming-pool. 20:45

is décidée à essayer de comprendre un peu mieux le web sémantique (il y a du boulot…) 15:13

is prend des nouvelles des ses friends sur FB. 07:49

is thinking  » Bon maintenant ça suffit avec Facebook, au boulot ! » 12:18

is en Normandie, parce que sinon, qui va ramasser les pommes ? 13:13

is « Just like a woman » et « Like a rolling stone. » 11:14

is contente d’avoir entendu François Bon parler de Dylan. 23:05

is thinking : « et si j’allais écouter François à la Fnac des Halles aujourd’hui à 17h30 ? » 12:34

is plongée dans le tome 3 de Millenium, le polar de Stieg Larsson trop trop bien. 23:41

is a commencé un montage vidéo avec les images tournées en vacances. 22:40

is reading « Le Tunnel » de William H. Gass. 23:08

is tentée parfois de dire comme Bartleby : « I would prefer not to. » 19:23

is une pas grand chose avant son deuxième café. 08:39

is encore en train de faire joujou avec des applis de facebook. 00:50

is bien plus bronzée que sur cette photo… 00:01

is now adding facebook’s widget inside her Netvibes. 23:47

is dreaming, as usual. 16:39

is thinking (non, j’y crois pas). 14:07

is en train de faire deux choses à la fois, comme d’hab. 00:27

is hard working today, qu’on se le dise. 17:41

is pas encore en vacances mais c’est pas grave parce qu’il fait moche. 00:05

is sad because she finished to watch all episodes of West Wing. 23:54

is at work. 16:21

is at work alors que c’est plus l’heure.

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Bonne pêche

Rendez-vous avec la Bouquinosphère, hier soir, à la brasserie « Le bon pêcheur », et qui sommes nous sinon des pêcheurs, plongeant jour après jour nos filets raccommodés dans l’océan du web, ramenant à la surface quelques beaux poissons que nous partageons à la criée, sur nos agrégateurs, twittant à tue-tête : « il est beau mon fil RSS ! »

C’est toujours un plaisir, ces rendez-vous, et c’est aussi toujours frustrant. C’est agréable d’échanger avec certains de ceux que l’on connait déjà, et décevant de repartir sans avoir pu parler avec tous, anciens ou nouveaux venus. J’ai bien aimé qu’ Hadrien me parle en détail de ce qui se passe à l’ IDPF, et des ses travaux avec Lexcycle ; croiser deux des ours de Babelio, que je tanne pour savoir quand ouvrira la prochaine version, et qui me confirment que l’opération Masse Critique 4 est bien partie : quantités de livres envoyés à foule de blogueurs ; en apprendre plus auprès de Piotrr sur la plateforme de carnets de recherche Hypothèses, et les usages divers qu’en font les chercheurs (me suis promis d’écrire un prochain billet là dessus…) ; constater qu’il faut qu’Hubert (merci Hubert, notre GO ! ) et Lionel viennent à Paris pour trouver moyen de se voir, alors qu’ils habitent la même ville ; faire la connaissance de Renaud, pouvoir le remercier de vive voix des nombreux commentaires qu’il prend la peine de rédiger sur ce blog, et mettre mon grain de sel dans la discussion qu’il entame avec Stéphane, sur le thème « vendre du numérique en librairie ».

Retrouver Nicolas, tout juste apercevoir Isabelle et Xavier, Bruno et Vincent, regretter de n’avoir pas discuté avec les deux jeunes femmes qui ont le projet de monter une maison d’édition 100% numérique, (quelqu’un a retenu leur nom, et celui de leur future maison d’édition ?), pas plus qu’avec l’équipe de la Poule et l’Oeuf, et me dire maintenant que j’oublie forcément plein de monde encore…

Puis remettre mon ciré, sauter dans ma barque, mettre le cap au large, et repartir à la pêche.

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Pas comme la musique

La décision de l’éditeur Penguin de lancer une application pour l’iPhone, qui offre la possibilité d’accéder au blog Penguin, à des extraits d’ouvrages et à des podcasts, apparaît à de nombreux commentateurs comme particulièrement timide. Pourquoi diable les éditeurs ne tirent pas les leçons de l’expérience désastreuse de la musique ? Pourquoi ne mettent-ils pas massivement leurs livres sous forme numérique sur le plus grand nombre de plateformes, pourquoi ne construisent-ils pas très vite une offre légale et très facilement accessible ?

Michael Cairn répond dans PersonaNonData. Sa conviction : faire des versions numériques des livres, sans remettre en cause leur forme, dont certaines caractéristiques sont liées à la publication imprimée, ne rencontrera jamais un franc succès. Si les maisons d’éditions, nous dit il, se contentent de publier en numérique des romans de 200 pages, ou des livres de management en 12 chapitres dont la taille de l’index a été déterminée par le nombre de pages qui restaient disponibles dans le dernier folio, nous dit-il, on ne risque guère de faire mentir ceux qui justifient depuis des années leur immobilisme d’une seule phrase : « il n’y a pas de marché ».

Le passage au téléchargement de musique sous la forme de fichiers numériques a été un séisme pour l’industrie musicale. Du côté des auditeurs de musique, seule s’est modifiée la manière de se procurer de la musique, l’acte d’écouter de la musique est peu touché par ce changement. Je l’ai déjà écrit : on « met un disque », ou bien on lance son lecteur, et ensuite la musique ne réclame de notre part aucun mouvement particulier pendant que nous l’écoutons. Il n’en est pas de même des livres : ils requièrent pour être lus que nous demeurions pratiquement immobiles, les yeux fixés sur l’espace sur lequel les mots sont inscrits, et que nous intervenions lorsque tous les mots affichés dans cet espace ont été lus, pour faire apparaître les mots suivants. Il faut soit tourner la page, soit faire défiler la fenêtre à l’écran, soit convoquer la suite du texte sur l’écran par un clic, l’appui sur une touche, l’effleurement de l’écran. Il est bien d’autres gestes requis par les différents types de lecture : marquer une page en glissant un doigt à son emplacement, tourner très rapidement les pages à la recherche de celle que l’on veut atteindre directement etc.. Tout le temps de la lecture, le corps adopte une posture particulière, et des gestes précis sont requis pour que la lecture puisse se poursuivre. L’adoption de nouveaux supports implique des changements d’habitudes beaucoup plus radicaux pour le lecteur de textes que pour l’auditeur de musique.

Ceci constaté, on pourrait semble-t-il cerner précisément ces changements, faire progresser dans la bonne direction les différents terminaux, proposer également des contenus tirant parti des possibilités offertes par le numérique : je partage tout à fait l’intérêt qu’Hubert Guillaud manifeste pour les lectures partagées que le web autorise, et il y a encore beaucoup à inventer de ce côté. Inventer, c’est ce que ferait Michaël Cairn s’il dirigeait une maison d’édition, il nous le dit ainsi :

Si je dirigeais une maison d’édition, j’embaucherais une équipe d’éditeurs et d’écrivains de 25-30 ans, je leur donnerais un budget pour acquérir du contenu et je leur demanderais de construire une nouvelle activité de publication, sans tenir compte des contraintes liées au livre imprimé, ni des modèles d’affaires habituels, sans date de publication. Leur rôle serait de créer des contenus d’une valeur suffisante pour satisfaire un marché ciblé, d’expérimenter la manière de monétiser ce contenu et d’être capable de dupliquer le modèle. Avec l’aide – mais non le contrôle – de quelques managers expérimentés tels qu’il en existe dans toute maison d’édition, l’équipe n’échouerait pas. Et, oui, je ferais cela AUJOURD’HUI.

Inventer, c’est aussi ce que fait l’équipe de publie.net, dont François nous rappelle aujourd’hui, dans un de ces longs billets bondissants dont il a le secret, ce qu’elle a accompli en une année.

Mais Clément Laberge a également attiré mon attention sur un autre billet d’Hubert paru dans Internet Actu : « Quand You Tube remplacera Google », montrant que la plupart des jeunes viennent sur le web pour voir des vidéos bien plus fréquemment que pour lire des textes. Pas seulement en voir, d’ailleurs, mais aussi publier celles qu’ils réalisent eux-mêmes, mixant souvent des images préexistantes, parodiant les codes télévisuels qu’ils connaissent parfaitement.

Ce billet fait écho à celui d’Alex Iskold sur Read Write Web, qui a suscité une intéressante réaction sur The Digitalist.

Et si ce le problème, ce n’était pas de produire des textes numériques adaptés aux nouveaux lecteurs, mais bien de continuer à trouver des lecteurs ? Et si les Digital Natives et plus encore leurs enfants se détournaient de plus en plus massivement et complètement de la lecture ? Si celle-ci devenait progressivement une pratique ultra-minoritaire ?

Cette « contrainte » que la lecture impose au corps, cet effort de concentration auquel le lecteur consent parce qu’il lui offrira en retour une telle ouverture au monde, un outil tellement puissant d’accès à la connaissance, faut-il admettre que les générations qui viennent les trouveront tout bonnement insupportables ? Penser que l’on va devoir abandonner une pratique au profit d’une autre ? Peut-on faire la comparaison avec l’apparition de l’écriture qui sembla aux anciens quelque chose d’épouvantable, qui allait faire perdre la mémoire à l’humanité (ce qui s’est d’ailleurs produit, à l’échelle de chaque individu) ? Allons-nous vers des échanges qui vont réhabiliter l’image, le geste, l’oralité, et dans lesquels le texte deviendra secondaire ? On aimerait, bien sûr, conquérir de nouveaux savoir-faire, de nouvelles habiletés, sans devoir perdre les anciens. Est-ce possible ?

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Agnostique, le Kindle ?

Kirk Biglione (Medialoper) rencontre Jeff Bezos, le patron d’Amazon, à la soirée d’ouverture du SXSW (South by Southwest conférence). De quoi parlent-ils ? De DRM. Kirk explique à Jeff que pas mal de monde s’inquiète de voir que le Kindle pourrait mener à un monople à la iTunes, qui enferme le consommateur dans une plateforme unique et que cela risque de conduire les éditeurs à perdre le contrôle de leur propre industrie. Jeff Bezos déclare alors : « Le Kindle est agnostique en ce qui concerne les DRM ». Et il poursuit en expliquant que les éditeurs ont la possibilité de vendre des livres numériques sans DRM pour le Kindle, et qu’il croit qu’ils le feront quand ils seront tout à fait à l’aise avec l’idée d’une distribution numérique des contenus. Il a noté qu’il a fallu quelques années à l’industrie musicale pour accepter la diffusion de contenus sans DRM, et il estime que cela prendra aussi un moment aux éditeurs pour adhérer à cette idée.

Cette déclaration du patron d’Amazon peut signifier, selon Kirk Biglione, plusieurs choses. Par exemple celle-ci: « Nous vendrons des livres numériques sans DRM lorsque nous aurons atteint une part de marché suffisante pour convaincre les éditeurs que nous avons un monopole du type iTunes sur le marché du livre numérique ». Ou bien :  » Amazon va s’ouvrir à des DRM développés par des tierces parties ». Evidemment, cela ne veut pas du tout dire la même chose. D’ailleurs, il semble que du côté de l’iPhone, en tout cas pour le moment, le modèle « à la iTunes » ne soit pas (encore ?) opérationnel. Avant qu’Apple ait structuré son « iTunes du livre », l’accord intervenu entre Lexcycle (la société qui développe Stanza) et Fictionwise, le plus gros vendeur indépendant du livres numériques, donne accès via l’application Stanza à plus de 40 000 livres en version numérique. Le format utilisé sur Fictionwise, eReader, n’est pas un format ouvert, certes. Mais en licenciant à Stanza l’usage de ce format, Fictionwise va dans le sens d’un accès facilité, via différentes applications ( dont la sienne, eReader, téléchargeable comme Stanza depuis l’App Store ). Et Stanza, téléchargé massivement, a de bonnes chances, avec cet accord, de devenir de facto l’application qui va réellement lancer une offre de lecture numérique sur l’iPhone, alors que les titres directement disponibles via Apple le sont dans l’App Store. Logique : la plupart d’entre eux sont des livres-applications, contenant à la fois le fichier du livre et celui de l’application permettant de le lire, une approche assez impraticable à grande échelle.

On le voit, la question des DRM n’est pas uniquement liée à la difficulté des éditeurs à se faire à l’idée de diffuser des livres numériques susceptibles d’être mis en circulation sur des réseaux P2P. C’est aussi, pour certains autres acteurs, la tentation de verrouiller une offre end-to-end : vendre une machine qui ne lit que leur format protégé par leur DRM, vendre un format protégé de telle manière qu’il ne soit lisible que sur ladite machine. Un tel modèle peut-il attirer beaucoup de lecteurs ? Il leur faudra renoncer à la bonne odeur de l’encre et au délicieux toucher du papier, déjà, et en plus, devoir choisir en même temps la marque de leur liseuse et l’enseigne de leur e-libraire, dont ils seront ensuite complètement dépendants. ( Ce que font d’ailleurs les adeptes de jeux vidéo : ils renoncent à la bonne odeur des lego et des petites voitures et commandent au Père Noël une XBOX et quelques jeux issus du catalogue dédié à la XBOX. Les éditeurs de jeux qui veulent figurer sur différents catalogues doivent développer plusieurs versions de leurs produits, pour être disponibles pour chaque modèle de console. )

Jean-Marie Salaün1 le rappelle en commentaire d’un précédent billet, l’accès à des contenus culturels via des dispositifs de restitution complexes a connu des précédents, même avant l’apparition du numérique. Et les guerres de standards ne sont pas non plus apparues avec lui : dans le domaine de la vidéo, vous vous souvenez peut-être de la façon dont le VHS gagna sa guerre contre le Betamax, pourtant un format de bien meilleure qualité. On a vu plus récemment, toujours dans la vidéo, et cette fois à l’ère du numérique, comment le format de télévision haute définition sur disque optique Blu-ray l’a emporté sur le format HD-DVD. La vitesse est souvent un facteur décisif dans ces guerres : le premier sur le marché a toute latitude pour tenter de devenir un standard de facto. Mais ce n’est pas non plus la garantie du succès : souvenons-nous du CD-I de Philips, premier ensemble lecteur/ support multimédia interactif, tellement vite enterré par l’arrivée du CD-Rom..

1 Le blog de JM Salaün est en pause actuellement. Mais les billets qu’il y a publiés ne sont vraiment pas du genre jetable…
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Une nouvelle écologie de l’écrit

Pour ne plus me faire gronder par Christian, j’utilise mon blog pour continuer la discussion entamée sur La Feuille… Hubert pose un lien dans les commentaires de son billet vers l’interview que Robert Darnton a donnée au tout nouveau magazine Books. Robert Darnton, historien, dirige les bibliothèques d’Harvard. Darnton, tout comme Roger Chartier, éminents spécialistes du livre, sont vis à vis des lectures électroniques dans une interrogation ouverte. Ni l’un ni l’autre n’ont un discours nostalgique sur le livre, pas plus qu’ils ne cherchent à produire un discours dogmatique sur ce que « devrait être » un livre numérique. Ils constatent l’un et l’autre que nos lectures sont maintenant déjà largement des lectures numériques, et s’interrogent sur le devenir des livres, bien sûr, mais sans se risquer à enfermer ce devenir dans une forme particulière. Roger Chartier parle de « vacillations », et résume parfaitement ce qui fait le fond de nos discussions ainsi :

« Ici se situe le grand défi, qui est de savoir si le texte électronique doit être soumis à des concepts hérités et donc du coup doit être transformé dans sa matérialité même, avec une fixité et des sécurités, ou si inversement les potentialités de cet anonymat, de cette multiplicité, de cette mobilité sans fin vont dominer les usages d’écriture et de lecture. Je crois que là se situent la discussion, les incertitudes, les vacillations contemporaines. » (le livre : son passé, son avenir – la vie des idées )

La fin de l’interview de Darnton montre la nuance de sa pensée. Il rappelle les vertus de la « lecture lente », et rejoint en ceci le beau texte de Nicolas Dickner, cité par Hubert, et qui a inspiré un billet à François Bon. Mais il évoque aussi les possibilités du numérique (« instrument fabuleux »), en parlant d’une « nouvelle écologie de l’écrit ». Ecologie est un excellent terme, parce qu’il implique la diversité et la complémentarité : diversité des livres et des manières de lire, complémentarité des modes de restitution de l’écrit, qu’il est intéressant d’analyser, mais que rien ne nous oblige à opposer les uns aux autres.

J’ai noté également cette remarque de l’écrivain Michel Butor, à la fin de l’interview publiée récemment sur auteurs.tv, qui dit : « Si j’avais 25 ans, je me précipiterais vers l’informatique pour faire des textes adaptés à ces nouveaux moyens ». Déclaration intéressante, venant d’un auteur qui a travaillé plus que beaucoup d’autres sur le livre dans sa dimension matérielle, réalisant depuis des années des centaines de livres avec des artistes, dont beaucoup ont été exposés à la BNF l’an dernier.

On peut être un adepte de la lenteur, du temps dédié à la lecture continue, ininterrompue, et apprécier par ailleurs les glissades étourdissantes sur le web. On peut twitter, bloguer, recevoir des pokes sur Facebook, zapper d’un billet de son agrégateur à un autre, puis fermer sa porte, et se plonger dans ce gros livre de Richard Powers qui va nous empêcher d’éteindre la lampe de chevet à une heure raisonnable. On peut chérir les couvertures usées des livres trop souvent relus, craquer parfois dans les librairies au delà du raisonnable, et se servir d’une liseuse dans le métro ( où parfois, des passagers vous demandent de leur montrer l’objet de plus près ). On peut se passionner pour l’ébullition actuelle autour de l’iPhone et de Stanza, virevolter de quelques lignes de fuites à un clavier cannibale, se réjouir du dernier billet sur l’autofictif, et avoir plaisir à faire dédicacer par un auteur son livre qu’on achète après une lecture en librairie.

Le numérique rend potentiellement les textes disponibles pour autant de modes de restitution de l’écrit qu’il y a de modes de lecture. Certains de ces modes cherchent à s’approcher de l’expérience procurée par le livre imprimé, réduisant de ce fait délibérément la ductilité du texte et dédaignant les potentialités d’une lecture connectée. Ainsi marié à son support, le texte renonce en quelque sorte aux marivaudages que le web autorise, favorisant la lecture solitaire et immersive. Cette option n’exclut pas les autres, et ne convient pas à tous. Il faudra attendre pour voir si elle séduira un vaste public, il est encore trop tôt pour le dire.

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This Is Where We Live

Produit par Apt Studio ( à qui l’on doit aussi le site « The Golden Notebook » pour If:books ) avec Asylum à l’occasion du 25ème anniversaire de 5th estate ( l’une des deux marques de la maison Press Books, branche littérature d’Harper Collins UK ).

Plus de 1000 livres de 5th estate ont été utilisés pour la réalisation de ce film d’animation. Plus de précisions sur le site dédié.

C’est bien là que nous avons vécu, dans un monde de papier, de caractères, de couvertures… A quoi ressemblera le film pour leur 50ème anniversaire ? Quelle place occuperont dans 25 ans les livres imprimés ? Les petites personnages de papier qui se promènent dans cette ville de livres, de papier et de carton demeureront-ils encore longtemps emblématiques de la littérature ?

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Impression à la demande : quel intérêt de la proposer sur un site d’éditeur ?

Bookseller.com l’annonce aujourd’hui : Random House va commercialiser des livres en impression à la demande, sous la marque « The Random Collection ». Random va lancer un site dédié avec 750 premiers titres, d’autres viendront s’ajouter tout au long de l’année. Le site sera interactif, régulièrement mis à jour avec des sélections et des recommandations de l’équipe de Random House et des auteurs. Il sera doté d’un outil permettant aux libraires de faire des suggestions concernant les titres qu’ils aimeraient voir figurer sur Random Collection. Faye Brewster, Directeur des ventes du groupe, précise : « Lorsque des revendeurs constatent que des clients leur réclament un livre de Random qui se trouve être épuisé, ils peuvent nous le signaler, et nous nous occuperons d’obtenir les droits pour les rendre disponibles sous cette forme. »

Faber & Faber avait déjà lancé en juin un service identique, Faber Finds, s’assurant pour la création des couvertures de ces livres la collaboration d’une designer talentueuse, Karsten Schmidt, qui a conçu un système de création graphique basé sur un algorithme.

Joseph J. Esposito commente cette annonce dans Publishing Frontier en posant cette question, qui revient quasiment toujours dès qu’il s’agit de sites développés par des éditeurs : est-ce vraiment pertinent de proposer un tel service sous la marque « Random House », offrant uniquement des livres issus des marques détenues par le groupe ? Les lecteurs se soucient-ils de cette marque ? Qu’est-ce qui pourrait les attirer vers ce site ? N’est-il pas préférable que les éditeurs rendent leur livres disponibles en impression à la demande sur des sites agrégeant le plus grand nombre possible de maisons d’édition, et offrant un vaste choix ? Joseph écrit : « RH, ou tout autre éditeur, font une grave erreur s’ils s’imaginent que les consommateurs vont venir sur le site RH. »

Mais cette remarque est aussitôt mise en perspective par la suite de son article. Plusieurs raisons justifient en effet selon J.J.Esposito la décision de Random House. La première, c’est la nouvelle situation créée par l’ accord conclu entre Google et les éditeurs et auteurs américains : avant cet accord, la ligne de démarcation entre les livres était clairement : livres du domaine public d’un côté, livres sous copyright de l’autre. Avec l’accord, la frontière s’est déplacée : les livres encore sous copyright mais en arrêt de commercialisation entrent dans la même catégorie que ceux du domaine public, en ce qui concerne le droit de Google de les faire entrer dans son programme Google Book Search, à ceci près que Google s’engage à reverser aux ayant droit une part des revenus provenant de ces Œuvres. Le fait de mettre à la disposition du public des livres en impression à la demande ne permet plus de les déclarer « non commercialisés », et renforce la position de l’éditeur vis à vis de ses droits et de ceux de ses auteurs sur ces livres.

L’autre raison ne s’applique pas seulement aux livres proposés en impression à la demande, mais bien à l’ensemble des livres qu’un éditeur présente sur son propre site web. Là, Joseph J. Esposito explique que la diférence entre le monde physique et internet est très importante. Autant il est tout à fait absurde d’imaginer des librairies physiques proposant les livres d’un seul éditeur, autant, le fait pour un éditeur de disposer de son propre site se justifie. En effet, sur internet, le « Barnes & Noble « ( soit: le libraire ), c’est la première page de résultats d’une recherche dans Google. C’est dans Google que les consommateurs vont taper le titre du livre qu’ils recherchent. C’est ce que J.J.Esposito nomme de « l’agrégation en temps réel ». Qu’importe alors, nous dit-il, que les consommateurs ne connaissent pas la marque « Random House », la seule marqe qu’ils connaissent, c’est Google, et si le site de l’éditeur est convenablement développé, « search engine’s friendly« , bien optimisé pour les moteurs de recherche, le consommateur aura accès au site de l’éditeur, ou à des informations issues de celui-ci et reprises ailleurs, sur le site d’Amazon par exemple.

Il n’est pas non plus impossible que Random House entreprenne à cette occasion, faisant venir les consommateurs sur un site riche d’informations, de faire exister progressivement sa marque auprès des lecteurs.

Esposito conclut :

« Fondamentalement, il est temps d’arrêter de penser le Web comme un univers symétrique de l’univers « brick and mortar ». Hors ligne, il y a des magasins ; en ligne, il y a des des relations qui évoluent dynamiquement. Hors ligne, l’agrégation est cruciale ; en ligne, l’agrégation se fait en temps réel et permet de pointer vers des objets partout où une URL peut être trouvée. Hors ligne, les marques connues dans le monde du B2B ne disent rien aux consommateurs ; en ligne, de telles marques peuvent s’insérer intelligemment dans la chaîne de valeur. Ne tenons pas pour acquis que les gens chez Random House sont idiots, en dépit du fait qu’ils sont – ugh – des éditeurs ».

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Espèces d’espaces : géolectures

On se souvient de la série  » We tell stories » : Les éditions Penguin avaient fait travailler ensemble des romanciers et des concepteurs de jeux spécialisés dans les « ARG » (Alternated Reality Games), et ils revisitaient ensemble des romans classiques. Le premier de la série utilisait GoogleMaps. Le dispositif faisait surgir les portions de texte sur la carte, et l’on se déplaçait sur la carte en suivant les pérégrinations du héros.

Un autre dispositif de lecture utilise Google Maps, et je trouve intéressant de rapprocher les deux : il s’agit de l’adaptation d’un roman de Christoph Benda, intitulé Senghor on the Rocks. On a là aussi un mash-up, mais la conception est radicalement différente. Dans « The 21 steps », le texte s’inscrivait sur la carte, dans un dispositif de lecture en rupture complète avec l’univers visuel du livre. Avec Senghor on the Rocks, le dispositif simule à l’écran l’expérience classique de la lecture, et c’est dans une pseudo page que vient s’afficher la carte interactive issue de Google Maps en mode satellite.

J’avais admiré la belle finition de « The 21 steps » tout en trouvant à la longue assez difficile à suivre cette histoire semée sur la carte, et assez pénible dans la durée une lecture hachée par des manipulations. L’immersion dans la carte empêchait un peu l’immersion dans le texte, et le « mi-chemin » entre lecture et jeu ne fonctionnait pas très bien.

Est-ce que la plus grande soumission de la carte au livre qu’on peut observer dans Senghor on the Rocks est plus convaincante ? Difficile à dire avec un texte en allemand, que je lis mal, mes souvenirs de cette langue pourtant apprise ayant été fort mal entretenus.

J’avoue que je suis toujours un peu gênée lorsqu’on vient simuler un livre sur l’écran de mon ordinateur, je me souviens l’avoir déjà été il y a des années à la sortie du cédérom « Le livre de Lulu » qui utilisait lui aussi la métaphore du livre aux pages qui se tournent. Gênée, et en même temps séduite, la perfection de l’imitation ayant un fort pouvoir de séduction, un peu comme on admire un dessin très ressemblant : ce que l’on admire c’est la ressemblance, conçue comme une performance, même si le dessin est de peu d’intérêt.

Mais j’apprécie, ici comme dans l’expérience We tell stories, les efforts d’exploration autour du concept de livre numérique. Différentes manières de tirer les conséquences de la nouvelle disponibilité du texte, et le désir de le confronter aux autres formes de représentation : ici, la carte, figuration de l’espace, qui tente de s’articuler avec l’espace de la fiction.

Germanophones qui passeriez ici, dites-nous ce qu’il en est de l’expérience de lecture proposée par Benda !

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