Lire sans écrire, ça suffit maintenant

Oh la la, mais ça sent le renfermé ici, il va falloir ouvrir les fenêtres, allez, un peu d’air, enfin pas trop non plus, l’air est glacé, faire plutôt du feu dans la cheminée pour réchauffer l’atmosphère. Plusieurs semaines sans bloguer : du ménage s’impose, il y a des toiles d’araignées sur le dernier post, tellement il est resté longtemps en haut de la page d’accueil…

Mais vous êtes-là, et c’est l’essentiel. Essayons de reprendre le fil (RSS) de la conversation, ou plutôt, de reprendre place doucement dans les conversations qui ont continué ici et là, pendant que teXtes dormait.

Pendant que teXtes dormait s’est poursuivie à partir d’un billet sur La Feuille la discussion concernant le livre numérique et son avenir, discussion qui n’a pas fini de rebondir, et interroge à la fois ce que devient un livre lorsqu’il est disponible sous forme numérique, et les manières de publier et de lire sur le web.

Pendant que teXtes dormait, le juge a rendu son verdict dans le procès Google / La Martinière et Google a aussitôt fait appel. Ce jugement est commenté de façon très détaillée sur Si.lex, ainsi que sur Diner’s room. En attendant un de ces longs billets d’analyse et de mise en perspective dont il a le secret, annoncé pour janvier, Olivier Ertzscheid répond à André Gunthert sur Affordances.

Pendant que teXtes dormait, j’ai lu aussi avec grand intérêt la série de quatre billets publiés sous le titre « une société de la requête » à la fois sur Internet Actu et dans Le Monde en ligne, concernant Google. Les inquiétudes de Geert Lovink ont bien peu en commun avec celles des traditionnels contempteurs du net : il s’agit d’une critique faite « de l’intérieur », d’autant plus pertinente que l’auteur connaît bien son objet.

Pendant que teXtes dormait, j’ai suivi attentivement les annonces des groupes d’édition américains, mobilisés contre la politique de prix d’Amazon, et pratiquement tous d’accord pour différer de quelques mois la disponibilité de la version numérique de certains de leurs ouvrages, par rapport à la date de parution en grand format, et les réactions suscitées par ces annonces.

Me suis projetée, avec François Gèze, P.D.G. des éditions La Découverte, en 2019, grâce à cet enregistrement vidéo de son intervention récente à l’ ENSSIB.

Ai découvert deux tags nouveaux dans Twitter : l’un qui me laisse songeuse, #lazyweb , que vous ajoutez à un message que vous postez sur Twitter lorsque celui-ci est une question que vous posez à vos followers, alors que vous pourriez trouver la réponse à cette question en effectuant une recherche sur le web. On peut même démarrer la question par la formule « dear #lazyweb… » Un échange assez nouveau : on échange un moment de paresse passager contre un instant de bonne volonté et de disponibilité, sachant que peut-être que demain, les rôles seront inversés…

Un autre est tout simple, et francophone : #twitlivre , à ajouter dans un message où l’on indique quel livre on est en train de lire, et pour chercher des idées de lecture en regardant virtuellement par dessus l’épaule de vos following pendant qu’ils lisent…

Bon, je vais pouvoir ranger mes chiffons, mon plumeau, hmm, ça fait du bien, ça sent le propre, et bien voilà, c’est reparti, finalement, c’était pas si difficile de recommencer à bloguer…

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book, vook, nook…

Je suis en train de préparer une courte intervention que je dois faire le 26 novembre prochain à une journée d’études organisée à la BNF sur l’ avenir du livre de jeunesse.

C’est en recherchant des exemples de livres numériques destinés aux enfants que j’ai redécouvert le site de l’ICDL, ou « International Children’s digital library », une bibliothèque numérique mondiale de livres pour la jeunesse. Un projet financé par plusieurs institutions publiques et des sociétés privées américaines ( National Science Foundation, Institute of Museum and Library Services, Microsoft, Adobe). l’ICDL permet d’accéder, en 11 langues à des livres issus de 42 pays. Livres anciens du domaine public (dont ce délicieux Bébé sait lire), ou livres plus récents dont les ayants-droit ont autorisé la numérisation et la publication en ligne, comme cette version hongroise et toute en images du Petit Chaperon Rouge. Extrait de la lettre du directeur, publiée sur le site :

« De tout ce que la Bibliothèque accomplit, ce qui nous donne le plus de fierté est le fait que nous avons des centaines de volontaires tout autour du monde qui forment la véritable équipe de la Bibliothèque. Ils identifient de merveilleux livres pour la Collection, ils s’occupent des droits, ils envoient les livres physiques ou les fichiers des livres scannés. Ils donnent la parole aux utilisateurs. Bref, ils sont la Bibliothèque. Pas un jour ne passe sans qu’ici, à la Fondation, nous ne soyons émerveillés par leur bonne volonté et leur patient acharnement. »

Le design est un peu rustique, mais on trouve très vite comment naviguer parmi les livres, et la consultation est agréable. (Tiens, à propos de consultation et de feuilletage, cela me permet de rebondir au passage, comme l’a déjà fait Hubert, sur le passionnant article à propos de Calameo paru sur NT2).

Lorsque je travaillais pour les enfants, avec l’équipe de Tralalère et avant, lorsque je participais à la réalisation de cédéroms interactifs jeune public, le livre était tout à fait en dehors du champ de mes préoccupations (professionnelles, car à la maison je hissais mes enfants encore petits sur mes genoux pour leur raconter les aventures de Biboundé ). Livre et numérique étaient deux mondes bien distincts. Je n’avais pas vraiment été fan du livre de Lulu, qui déjà simulait – de manière très réussie d’aileurs – à l’écran un livre dont les pages se tournent. Au premier plan de toutes nos réflexions de l’époque : l’interactivité, l’ergonomie des interfaces, le graphisme, l’ajout de sons, d’animations, et le fait de profiter à fond des possibilités offertes par un ordinateur. Les livres étaient en papier, tous ces trucs qu’on faisait avec le numérique, ce n’étaient pas des livres. On ne pensait pas aux livres. Et même, le fait d’imiter un livre me semblait une absurdité, un anachronisme. Rien ne se faisait « contre » le livre. On n’évoquait pas Gutenberg à chaque instant, ni la bonne-odeur-de-l’encre-et-du-papier. On apprivoisait ces drôles de machines, encore bien poussives, chères, et pas encore massivement connectées à Internet en train d’apparaitre.

Aujourd’hui, on ne dit plus un enfant, on dit un digital native. On fabrique quand-même des dessins animés pour leur apprendre à bien se servir du web, aux digital natives. On donne des tas de conseils aux parents sur le moyen de donner à leurs enfants le goût de lire. On réfléchit à ce que sont les lectures industrielles. Est-ce qu’ils vont s’acheter des nook, les digital natives ? Est-ce qu’ils voudront lire/regarder des vook ?

Et moi, il va bien falloir que je poursuive cette réflexion et y mettre un peu d’ordre d’ici le 26 novembre…

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Petite planète

C’est une banalité, je sais , mais pardonnez-moi, je suis un peu rouillée, à force de NE PAS bloguer, et j’ai perdu un peu la forme : nous vivons sur une petite planète… Ainsi, un peu par hasard, en l’espace d’une semaine, j’ai eu l’occasion de rencontrer des éditeurs américains, la semaine dernière, et australiens, aujourd’hui, pour parler boutique avec eux. Boutique, c’est à dire : édition, numérique et tutti quanti.

Petite planète ? Certainement pour mes interlocuteurs australiens, venus de Lonely Planet (Melbourne), et pour qui Paris était une étape dans un véritable tour du monde (normal pour des éditeurs de guide de voyage) qu’ils faisaient afin de rencontrer des éditeurs, éditeurs de livres mais aussi de l’univers de la presse. Ils s’étaient arrêtés à Singapour et à l’heure qu’il est doivent déjà être arrivés à Londres, avant de partir pour les Etats-Unis.

Petite planète : le contact s’établit immédiatement. Leurs questions sont les mêmes que les nôtres, leurs approches très similaires. A des milliers de kilomètres les uns des autres, nous avons imaginé les mêmes solutions aux mêmes problèmes. Nous échangeons nos cartes de visites, nous promettons aussi de nous envoyer mutuellement les URL de nos blogs, parce qu’ils bloguent aussi, et prennent avec leur iPhone les photos qui vont illustrer leurs prochains posts relatant leur voyage (je donnerai le lien lorsque je l’aurai reçu.)

Eux aussi doivent gérer une double approche « print / digital », continuer de produire des livres, commencer à les produire en numérique, considérer leur clients autrement, changer leur manière de communiquer avec eux, intégrer progressivement le numérique dans les process en associant les éditeurs et les auteurs, imaginer le voyageur de demain, anticiper sur ses besoins, proposer des accès diversifiés aux informations, permettre à ces mêmes voyageurs de participer à la mise à jour des informations, réfléchir à l’impression à la demande (pas toujours de réseau ou d’élcectricité dans les régions que leurs clients parcourent), répondre à des questions apparemment (mais seulement apparemment) simples sur la manière d’identifier et de gérer des éléments de contenu plus petits que le livre (un ISBN par chapitre ? ) etc. etc.

La semaine dernière, j’ai dialogué deux heures avec une délégation d’éditeurs américains, venus passer, grâce à un programme organisé par la Maison des Cultures du Monde pour une semaine à Paris pour rencontrer des éditeurs et différents autres acteurs du monde de l’édition. Parmi eux, Chad Post, que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer à Francfort lors de la journée TOC organisée par O’Reilly. Nous étions côte à côte lors d’une table ronde modérée par Richard Nash. Chad dirige Open Letter Books, une maison d’édition universitaire (Université de Rochester), entièrement consacrée à la littérature étrangère, dans une université qui forme des traducteurs.

Chad anime aussi un blog, Three Percent, (j’aimerais bien lui demander 3% de quoi mais je me doute que c’est un chiffre qui doit démontrer la difficulté de diffuser aux Etats-Unis la littérature étrangère…), dans lequel il relate dans de longs billets détaillés et très agréables à lire le détail de son voyage à Paris.

Petit planète : parmi les éditeurs se trouve Julia Cheiffetz, de chez Harper Studio, dont je suis régulièrement le blog. Non que Harper Studio soit une maison d’édition spécialement orientée vers la production de livres numériques, mais c’est une maison récemment créé qui sert un peu de laboratoire au groupe Harper Collins pour essayer de nouveaux modèles : utilisation de médias sociaux pour le promotion des livres, et pour instaurer une nouvelle relation avec les lecteurs, pas d’avance aux auteurs mais des royalties plus importantes, des ventes fermes aux libraires (sans retour possible), entre autres. Et comme toujours, cette impression de retrouver quelqu’un que l’on suivait déjà en ligne depuis un moment quand on le rencontre IRL pour la première fois. Julia aussi a chroniqué son voyage, dans un billet titré  » The Sans-Culottes of the Digital Revolution and What We Can Learn From Them« , citant au passage François Bon et Léo Scheer.

ça me donne envie de voyager moi aussi, tiens. Être celle qui découvre, pose les questions, prend des photos, et les publie sur son blog…

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Nuages, nuages…

Il n’est pas question de l’édition, ni, à aucun moment, du livre, dans cet article de the Economist, qui commence par nous parler de Windows 7, dont, je dois dire, je me soucie fort peu, pas plus que je ne me suis intéressée à Vista dont la seule chose que je peux dire à son sujet est que, depuis qu’il l’utilise, l’homme de ma vie semble avoir enrichi son vocabulaire de jurons.

Mais le lancement de Windows 7 est présenté, dans cet article, non comme le commencement de quelque chose, mais bien comme la fin d’une époque pour les systèmes d’exploitation, et dans les rivalités qui existent entre les géants de l’informatique. Le centre de gravité, avec le Cloud Computing, s’est déplacé.

« L’avènement du cloud computing ne se contente pas de déplacer le centre de gravité de Microsoft. Cela modifie la nature de la concurrence au sein de l’industrie informatique. Les développements technologiques ont poussé la puissance de calcul en dehors des hubs centraux : d’abord des ordinateurs centraux vers les minis, ensuite vers les PC. Maintenant, la combinaison de processeurs de plus en plus puissants et de moins en moins chers, et de réseaux toujours plus rapides et doués d’ubiquité, renvoie la puissance vers le centre en quelque sorte, et même bien au delà, peut-être. Les « données dans le nuage » sont, en effet, comme hébergées dans un gros ordinateur central, sauf que cet ordinateur est public et mutualisé. Et au même moment, le PC est bousculé par une série de terminaux plus petits, comme les smartphones, les netbooks, et peut-être bientôt, les tablettes (des ordinateurs à écran tactile de la taille d’un livre). « 

Il pourrait être tentant de considérer « l’informatique à la demande » telle qu’elle est proposée avec le Cloud Computing comme un retour vers l’informatique dite « mainframe », avec ses ordinateurs centraux et ses terminaux. Mais les choses sont cependant bien différentes et la comparaison ne tient pas vraiment la route.

On est bien loin du livre, apparemment. Loin ? Pas si sûr. Car parmi les géants du Cloud Computing, deux ont fait récemment des annonces qui confirment leur intérêt pour le livre :
– Google avec son programme Google Editions, dont le démarrage est prévu courant 2010, j’évoque la chose dans mon précédent billet.
Amazon, avec l’annonce de son Kindle international, qui vient déjouer les prévisions : il avait été question d’une arrivée du Kindle au Royaume-Uni, suivie d’une ouverture en France et en Allemagne. Cela se fera peut-être aussi, mais Amazon, avec cette annonce, empêche Google d’occuper seul l’espace des médias, qui, ces dernières semaines, font une place considérable à tout ce qui concerne le livre numérique.

Le troisième, Apple, laisse se développer un gros buzz au sujet de la tablette tactile qui pourrait voir le jour en janvier, et occupe déjà le terrain de la lecture numérique avec le couple iPhone/iPod. Il prend pied aussi dans le Cloud Computing, investissant dans la construction d’un énorme datacenter.

Ces géants de l’informatique et des réseaux s’intéressent à nous. Intéressons-nous à eux, essayons de suivre leurs mouvements, de comprendre ce qui les rassemble et les oppose, les buts qu’ils poursuivent, ce qui les fait courir, toujours plus vite, toujours plus loin.

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Première messe

messeJ’en ai croisé qui disaient : c’est ma 42ème, l’un en est même à sa 53ème. Moi, c’était ma première Foire de Francfort, ma première « messe » disent les allemands.
Je n’aime pas beaucoup les foires et les salons, lumières artificielles, bruit de fond, kilomètres de moquette et de mobilier de stand. Mais à Francfort, étrangement, alors que tout est multiplié par dix (plusieurs halls immenses, chacun sur plusieurs étages, et des kilomètres de couloirs que des tapis roulants tentent de raccourcir), je passe plusieurs jours passionnants, où s’enchainent les rencontres.

Entre les rendez-vous, je m’aventure :

– au pavillon de l’invité d’honneur, cette année la Chine, ou une belle expo nous rappelle l’histoire de l’écriture, et que les Chinois avaient inventé l’imprimerie bien avant notre Gutenberg. Je suis toujours émue d’une manière assez inexplicable devant les témoignages des premiers temps de l’écriture : signes gravés sur une carapace de tortue, un os, une pierre.

tortue

chinoisliseuses

Il suffit de tourner la tête, et on tombe sur une série de liseuses suspendues au dessus d’une rangée d’ordinateurs, toujours des signes, des mots, toujours du sens qui circule entre les gens.

– à l’étage des agents, dont quelqu’un m’a dit qu’il fallait que j’aille au moins y jeter un coup d’Œil. Ici, pas de stands tape à l’Œil, pas de livres exposés. Des rangées de tables étroites, avec des chaises de part et d’autre, et des dizaines de paires de gens en train de discuter.

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– dans la grande cour centrale, entre les halls immenses, pour déjeuner de saucisses et de pain, emmitouflée dans mon manteau. Une éditrice me l’a bien dit ce matin : « Francfort, pour moi, ça veut dire que l’hiver arrive. »

– dans le Hall 8, celui des anglo-saxons, dont l’ambiance est bien différente du 6, où sont regroupés les français avec d’autres. Mais je ne suis pas là tellement pour comparer les stands impressionnants des uns et des autres, je cherche Mike Shatzkin, qui partage un stand avec quelques autres consultants, et après quelques tours de piste, car il est sans arrêt occupé à discuter avec quelqu’un, je finis par le trouver seul, et passe un bon moment à discuter avec lui. Il est si chaleureux que j’en ai oublié mon anglais hésitant. Il me glisse une pub pour un événement qu’il organise à New York en janvier, j’aimerais bien y aller.

Avant la « Messe », il y a eu la journée TOC organisée par O’Reilly. J’ai entendu Sara Lloyd, dont j’avais aidé Hubert et Alain à traduire le « digital manifesto » l’an dernier. Elle est suivie par Cory Doctorow, dont l’intervention qui pourfend les DRM sera pas mal commentée le lendemain sur la foire, tout comme la conférence sur le piratage de Brian O’Leary, qui tend à démontrer, sur un nombre limité de titres d’O’Reilly, que la mise à disposition non autorisée par l’éditeur des fichiers des livres numériques sur des réseaux peer to peer, le piratage, tendrait plutôt à favoriser les ventes. Certains (essentiellement un article de the Bookseller, qui est distribué sous format imprimé gratuitement partout dans la foire, laisse entendre que des éditeurs accusent Andrew Savikas, qui a organisé l’événement, d’en avoir fait un événement plus orienté « informaticiens » que « éditeurs », et de mettre en avant les expériences d’O’Reilly qui édite des livres bien particuliers, essentiellement destinés aux développeurs, en laissant entendre abusivement que ses expériences pourraient fonctionner tout aussi bien pour l’édition grand public.

Je ne sais pas bien de quel côté j’aurai fait pencher la balance, avec mon intervention de l’après-midi : je suis bien quelqu’un « de l’édition », et je ne suis pas informaticienne. Pourtant, je dis, entre autres choses, dans cette intervention : « éditeurs, il va vous falloir être un peu plus proches de la technologie. Les livres vont devenir numériques, vous vivrez dans un univers un peu plus technique, et il faudra bien vous y mettre un peu, si vous voulez maîtriser ce qui s’en vient. »

Les critiques faites à Savikas me semblent bien peu justifiées. Les commentaires de Sara Lloyd ont été, elle le précise en commentaire sur le blog de TOC, sortis de leur contexte. Je conçois que certains soient agacés par les prises de position de Cory Doctorow. Mais déformer la pensée de Sara et essayer de jeter le doute sur la qualité de l’événement organisé par les équipes d’O’Reilly me semble un procédé assez douteux. C’est tentant de trouver quelqu’un sur qui taper lorsque l’on réalise qu’il va falloir changer, et vite, si on ne veut pas se trouver complètement dépassé par un monde qui change à toute vitesse. C’est tentant de tomber à bras raccourcis sur celui qui essaie de regarder loin devant et dit « préparez-vous, accrochez-vous, ça va remuer ! ».

Les interventions auxquelles j’ai assistées au TOC n’étaient pas spécialement techniques. Même la présentation faite par Peter Brantley de l’ OPDS n’était pas technique, ce qui est une prouesse lorsque l’on parle d’un sujet pareil. Et cette façon d’essayer de minorer l’intérêt d’un événement en stigmatisant ses intervenants et son public est vraiment assez désagréable. On dit « c’est un truc de geeks », et on retourne ne rien faire à propos du numérique, en se disant « il n’y a pas de marché ». On pourra ajouter quelques propos nostalgiques sur l’odeur de la colle et le toucher du papier…

Pour plus de détails, voir le blog TOC, avec les commentaires.

Pendant que je projetais des photos de nuages et essayais d’imaginer, en vilaine geek que je suis, ce que pourrait être le « Cloud Publishing », les rois du Cloud Computing faisaient, dans la salle à côté, l’annonce de l’ouverture prochaine de Google Editions. Cela avait été déjà annoncé il y a plusieurs mois, mais cette fois, même si aucune date d’ouverture n’est encore annoncée, cela semble plus proche, courant 2010.

Cela fait des années qu’on savait que cela allait arriver : les géants du web s’approchent à grand pas et font trembler le sol sous leurs bottes de sept lieues. Seront-ils aussi amicaux que les géants de Royal de Luxe qui ont investi Berlin à l’occasion du début des festivités liées à l’anniversaire de la chute du mur ?

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Vases communicants

Jolie invention que celle des vases communicants : le premier vendredi de chaque mois, parmi les écrivains qui peuplent la toile, c’est le grand jeu de « viens écrire sur mon blog, pendant ce temps là, je vais écrire sur le tien ». Et chacun donne les clés de sa maison en ligne, et s’en va camper pour 24h dans la maison de l’autre.

Tiers Livre et Scriptopolis sont à l’initiative du projet : « Circulation horizontale pour produire des liens autrement… Ne pas écrire pour, mais écrire chez l’autre », lit-on sur le groupe facebook qui permet d’organiser les échanges. Les premiers « vases communicants » ont eu lieu le 3 juillet dernier entre les deux sites fondateurs, ainsi qu’entre Liminaire et Fenêtres / open space.

Quelques échanges, et il faut aller voir sur la page facebook pour en trouver plus :

Vases communiquants vendredi 2 octobre entre L’employée aux écritures de Martine Sonnet http://www.martinesonnet.fr/blogwp/ et Fenêtres Open space de Anne Savelli http://fenetresopenspace.blogspot.com/

Vases communicants vendredi 2 octobre entre entre Baptiste Coulmont ( http://coulmont.com/blog) et Scriptopolis (http://www.scriptopolis.fr)

Vases communicants ce vendredi entre Annie Rioux http://36poses.org/ et Arnaud Maïsetti http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?rubrique40

Pour qui suit d’un peu près les publications en ligne des uns et des autres, c’est une occasion de découvertes, de rapprochements, les textes de chaque « paire de vases » souvent s’accordent et se répondent : ce sont des vases de cristal, en réalité, faites les s’entrechoquer, doucement, pour ne pas qu’ils se brisent, et écoutez la musique.

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C’est comme ça au Bookcamp

Il y a des blogueuses au Bookcamp.
Cette fois-ci il y a aussi Léo Scheer au Bookcamp.
Au Bookcamp, on applaudit Zazieweb.
Il y a le visage de François Bon projeté sur grand écran au Bookcamp.
Il y en a plein qui twittent au Bookcamp.
On participe à 3 ateliers au Bookcamp,
Et on en rate 9, c’est comme ça au Bookcamp.
Plein de gens que j’aime sont venus au Bookcamp,
Et plein de gens que j’aime ont aussi malheureusement manqué le Bookcamp.
J’écoute les blogueuses et Xavier Cazin et Alain Pierrot et Hubert Guillaud au Bookcamp.
Il y a des journalistes au Bookcamp.
Est-ce que les éditeurs vont disparaitre ? demandent les journalistes au Bookcamp.
Avec les livres numériques à 9,99 sur Amazon ils sont fichus, disent les journalistes au Bookcamp.
Si vous êtes d’un naturel impressionnable vous avez raison d’éviter le Bookcamp
et les journalistes qui s’inquiètent tellement pour l’avenir des livres en plein Bookcamp.
Au Bookcamp l’avenir des livres c’est tout de suite.
Le papier des pages est tissé de capteurs au Bookcamp.
Les livres sont augmentés, RFIdés, QRcodés, truffés de tags au Bookcamp.
Des Hybrides se retrouvent secrètement au Bookcamp.
Les gens se photographient en train de se photographier au Bookcamp
Certains font juste un passage au Bookcamp
On n’a pas eu le temps de leur parler, ils ont déjà quitté le Bookcamp.
Il y a des auteurs au Bookcamp
Des éditeurs des étudiants des chômeurs des entrepreneurs au Bookcamp
Il y a des blogueurs des fumeurs mais un seul Hadrien Gardeur au Bookcamp
Au Bookcamp il y a trois tailles de t-shirts
Il y a deux sortes de vins à l’apéro du Bookcamp
Et un seul regret : ça passe trop vite le Bookcamp.

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raconter des histoires

L’art et la manière de raconter des histoires : un article de John Wilbanks qui concerne les publications scientifiques, même si l’extrait que je traduis ci-dessous ne peut le laisser deviner.

« La capacité de prendre cet énorme corpus d’histoires et de le transformer en quelque chose qui peut être modelé, qui peut être utlisé par des humains et par des machines ensemble pour fabriquer de nouvelles histoires.. Cette capacité va requérir l’émergence de nouveaux éditeurs qui comprennent leur rôle dans la nouvelle économie des contenus. Ils ne seront pas comme des imprimeurs utilisant des bits à la place de l’encre. Ils seront des interprètes, des traducteurs, situés entre les histoires humaines et les machines qui auront pris ces histoires, qui les auront intégrées dans le web des données et qui auront rendu possible pour les humains le fait de leur poser des question, de rêver des rêves, et de raconter de nouvelles histoires… »

Et dans Internet Actu, Hubert blogue depuis PicNic, où Jeremy Ettinghausen, éditeur pour Penguin Books et Matt Locke, de Channel 4 education montreny les changements dans la façon dont le web social permet de raconter des histoires…

« – Il faut cacher des histoires à des endroits inhabituels.

– Il faut savoir se donner des contraintes ridicules.

– Il faut expérimenter en dehors de nos zones de confort, c’est-à-dire apprendre et essayer de nouvelles manières d’écrire et de raconter des histoires.

– Il faut savoir Inventer un caractère sans storyline, sans histoire directrice forte, mais imposer des présences.

– Il faut donner du matériel aux fans pour qu’ils jouent avec.

– Il faut créer des histoires qu’on puisse zapper quand on le souhaite. »

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Isabelle Aveline, Zazieweb

isavelineLe moment venu de se présenter, lors du rituel tour de présentation qui démarre chaque soirée de la Bouquinosphère, Isabelle disait simplement : Isabelle Aveline, Zazieweb. Et ça suffisait. Aujourd’hui, vérifiez vous-mêmes : Zazieweb s’arrête. Et c’est grande tristesse dans la bouquinosphère et bien au delà. Que dire après Hubert Guillaud, François Bon, remue.net, Olivier Ertzscheid ?

La photo qui illustre ce billet, je l’ai prise à La Rochelle La Roche sur Yon, lors des polyphonies du livre qu’Olivier avait organisées avec ses étudiants sur le thème des « nouvelles recommandations ».

Les nouvelles recommandations, elles étaient là, sous notre nez : un réseau social, un vrai, de lecteurs francophones qui échangeaient, partageaient, commentaient, discutaient, depuis des années, bien avant l’arrivée du web 2.0, bien avant que l’on commence à parler de la nécessité pour les éditeurs de devenir des » animateurs de communautés », bien avant que l’on dise et répète à l’envi qu’avec le web, le lecteur était enfin accessible, que le lecteur était au centre.

Isabelle, dans la page qui accueille aujourd’hui le visiteur sur Zazieweb, explique les raisons de l’arrêt. Après avoir raconté ses efforts vains pour trouver un soutien institutionnel (pourtant, à un moment, on y a cru…) , elle ajoute :

« Parce que j’ai un peu/beaucoup l’impression de servir de « test » aux institutions et pools de recherche qui, dans quelques mois/années, auront les moyens ou la compréhension des enjeux… parce que « assez » de voir des projets institutionnels ou des programme de recherche financés sans qu’il y ait de véritable usage, de public utilisateur…, « assez » d’entendre des assises du Livre conclure sur la perte de vitesse de la chaîne du livre et sur la nécessité d’encourager de nouvelles formes de médiation du livre sans que cela s’accompagne de véritables mesures ou prise de position, « assez » d’entendre toujours les mêmes Cassandre/éléphants alors que la « base » innove au quotidien sur des blogs ou sites persos, alors que les lecteurs et process d’appropriation se déplacent sur d’autres supports (web, podcast, flux rss, mobiles…), parce que décidément il ne semble pas que l’intelligence du média web soit comprise et intégrée dans les politiques culturelles et les instances étatiques et du coup en reste à la puissance des acteurs du privés et souvent, de surcroît, anglo-saxons, et ce alors — paradoxe suprême & vain — qu’il semble de bon ton de le déplorer… » (C’est moi qu souligne)

L’intelligence du web, la compréhension fine de ce dont il s’agit et de ce qui s’y passe : Isabelle la possède, non seulement de manière abstraite, mais aussi parce qu’elle la vit, la met en pratique et la partage avec autrui depuis des années. Cette intelligence, encore trop rare, c’est ce qui fait qu’on est certains de continuer de rencontrer Isabelle sur les chemins électriques de la littérature.

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Université d’été du Cléo à Marseille

Je ne suis jamais allée à Marseille que dans ce genre de contexte : colloque, rencontres, et cette fois-ci université d’été du Cléo. La première fois, j’étais allée aux rencontres du RIAM, un réseau dont l’objectif est de « stimuler l’innovation dans les produits et services pour la création et la diffusion de contenus multimédias interactifs et audiovisuels numériques. » J’essayais à cette époque d’obtenir le label Riam ( = les sous du RIAM…) pour un projet d’outil auteur permettant de produire des ressources pédagogiques dans le respect des standards (IMS, SCORM etc.). Les rencontres avaient lieu au Palais du Faro, tout au bout du Vieux-Port, et c’était un crève-cŒur de quitter la lumière et la mer pour aller s’enfermer dans un amphi et regarder des powerpoints…

La seconde fois, c’était pour les rencontres de l’Orme, en 2008 2007, étape obligée de ce que nous étions quelques uns alors à appeller la « e-education road », en bon français. C’est là que j’ai rencontré Clément Laberge pour la première fois IRL. C’était plus facile d’oublier la mer, les rencontres avaient lieu dans des friches industrielles non loin de la Belle de Mai.

Et la troisième fois, c’était cette semaine, à l’invitation de Marin Dacos et de Pierre Mounier, pour l’Université d’été du Cléo, à l’Université de Provence, juste à côté de la gare St Charles. La mer, je l’ai aperçue par la fenêtre de la salle où nous déjeunions, et puis elle surgit parfois, au bout d’une de ces rues typiques de Marseille, longues et qui montent et qui descendent.

ruemarseille

Toute une semaine dont j’ai raté les trois premiers jours, malheureusement, et donc entre autres l’intervention d’Alain Pierrot, celle de Milad Doueihi, celle de Lou Burnard, et l’atelier EPUB animé par Hadrien Gardeur.

L’équipe du Cléo a rassemblé sous le titre de READ/WRITE BOOK une série d’articles qu’elle publie à la fois sous la forme d’un livre imprimé (impression numérique, quelques dizaines de tirages destinés aux stagiaires de l’UE), mais aussi d’un fichier PDF téléchargeable et d’une liste de liens vers les blogs sur lesquels ont paru les textes originaux. Avec Hadrien Gardeur, les stagiaires avaient pour objectif de transformer cette série de textes en un livre numérique au format EPUB, et ils sont repartis avec le READ/WRITE BOOK qui sur sa liseuse, qui sur son iPhone. Je me suis également servi de ce livre, et en particulier de son titre, pour introduire mon propre cours.

J’aurais aimé avoir plus de temps pour rencontrer les participants, pour la plupart des chercheurs ou documentalistes… C’est à peine si j’ai eu le temps d’échanger quelques mots avec certains d’entre eux, parmi lesquels Marlene, que je suis sur Twitter et qe je n’avas jamais rencontrée.

J’ai été, mais il a déjà été largement salué, très impressionnée par la présentation de Daniel Bourrion, et même, oh, la vilaine, un peu jalouse : c’est ce que j’aurais aimé réussir à faire, une présentation qui soit une suite d’images, avec très peu de mots écrits, et qui accompagne et prolonge la parole. C’est bien plus long et difficile de trouver pour chaque idée la bonne image, que d’aligner des bullet-points et des textes en style télégraphique, accompagnés de quelques illustrations, et c’est aussi beaucoup plus efficace.

Je me suis dit, tout au long de sa présentation, que même si nous occupions des places différentes dans des milieux différents, nous avions vraiment des problématiques très proches. J’aurais pu, pratiquement tout le temps, remplacer dans l’exposé de Daniel le terme « étudiant » par celui de « lecteur », et cela fonctionnait :  » Aller chercher l’étudiant le lecteur où il est. » « Observer les pratiques numériques des étudiants lecteurs. » Des bibliothèques universitaires centrées sur les étudiants, des éditeurs centrés sur les lecteurs…

J’ai bien aimé le concept de dinosaure de l’avenir, pour désigner les liseuses que l’on achète en sachant bien qu’un nouveau modèle va sortir dans quelques semaines, et qu’elles feront figure d’antiquités dans un avenir proche..

bourriondino

J’ai raté la conférence de Pierre et Marin, la mienne était au même horaire. Et je n’ai même pas pu me consoler avec un des ces billets en quasi direct écrits par Hubert Guillaud (je ne sais pas comment il peut écrire aussi vite..) pour la Feuille, parce qu’Hubert est venu m’écouter, et c’est mon intervention qu’il a bloguée. – En fait, Daniel a bloguée leur intervention ici, je viens de trouver le lien. – (Je n’ai pas pu non plus rendre la gentillesse à Hubert et aller l’après-midi assister à l’atelier qu’il animait : le matin, en fermant ma valise, celle-ci a rendu l’âme, et je devais, sous peine de voyager avec mes affaires dans un sac poubelle, aller en vitesse m’en acheter une nouvelle avant de prendre le train. ( Sur twitter, j’ajouterais le tag #toutlemondesenfout, que je mets parfois quand je me laisse aller à raconter ma vie… )

Ayant réglé la question valise finalement assez vite, j’ai tout de même passé une tête, en fin d’atelier, au moment où Hubert, après avoir montré Scribd et CommentPress aux stagiaires, leur expliquait le fonctionnement de Delicious. Un atelier, un vrai, avec un ordinateur par stagiaire, et tout le monde super concentré, créant son compte sous Delicious, ajoutant ses premiers signets, choisissant ses premiers tags.

Nous avons tous ensuite marché jusqu’à l’Alcazar, la bibliothèque municipale de Marseille (construite par l’architecte Fainsilber) pour participer à un débat sur l’avenir du livre animé par Xavier Delaporte ( débat sur le même thème avec les mêmes intervenants, Hubert Guillaud, Marin Dacos et moi, également animé par Xavier Delaporte dans l’émission Place de la Toile sur France Culture vendredi prochain à 11h.)

C’était le dernier événement de la semaine, je pensais que, épuisés, les stagiaires auraient tous filé à la plage… Pas du tout, il y a eu du monde, des questions, de nombreux stagiaires de l’UE et quelques lecteurs de la bibliothèque.

Bravo à l’équipe du Cléo, et rendez-vous au BookCamp pour de nouvelles aventures.

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