des métadonnées suffisamment bonnes ?

C’est une chose de critiquer la qualité des métadonnées du programme Livres de Google, c’en est une autre de le faire de façon systématique et argumentée. C’est l’exercice auquel s’est livré Geoff Nunberg et que l’on peut consulter ici.

La réponse de Jon Orwant, responsable des métadonnées chez Google, est intéressante. Loin de nier le problème ou de chercher à le minimiser, il examine une à une les erreurs pointées par Geoff Nunberg et explique leur origine, et la manière dont Google traite ses questions, à l’échelle des millions d’ouvrages qu’il a numérisés.

Joseph Esposito fait (dans la mailing list Read 2.0) un rapprochement entre le parti pris de Google concernant ce projet – privilégier l’accès rapide à une grande quantité d’ouvrages, et améliorer ensuite progressivement la qualité des métadonnées – et le concept remis à l’honneur dans Wired cette semaine : celui de  » good enough« . Francis Pisani traduit dans son billet sur le sujet « good enough » par « pas mal ». Je le traduirais plus littéralement par « suffisamment bon », me souvenant du terme de  » mère suffiisamment bonne » utilisé pour traduire le concept de « good enough mother » proposé par le psychanalyste anglais Winnicott. J’aime cette idée du « good enough », essentielleemnt déculpabilisante (pour les mères, qui résistent difficilement à l’envie d’essayer de devenir des mères parfaites), mais dans beaucoup d’autres domaines aussi. ça ressemble à première vue à un concept de feignant, celui qui se contenterait d’un « assez bien », qui bâclerait le travail, un candidat au « peut mieux faire ». En réalité, le désir de perfection est souvent paralysant. Ce concept de « good enough » permet au contraire de lever bien des inhibitions, permet d’oser faire un premier pas, celui qui coûte le plus.

Mais ce n’est pas en priorité à cause de la qualité de ses métadonnées que le projet Google Livres, et surtout le projet de Règlement auquel le procès intenté à Google par les éditeurs et auteurs américains a abouti est violemment critiqué et combattu. Trois principaux reproches sont faits au Règlement Google Books Search :

– le non respect par Google de la législation sur le droit d’auteur
– le danger de constitution d’un monopole sur l’exploitation des versions numérisées des Œuvres orphelines
– le manque de garanties sur le respect de la vie privée

Le délai prévu par le Règlement pour déposer des objections a été prolongé jusqu’au 8 septembre. Et il faudra attendre le 7 octobre, l’audience de la cour de justice américaine chargée de se prononcer sur la validité du Règlement, pour savoir si celle-ci l’aura considéré comme… « good enough ».

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De nouveaux habits pour certains livres du domaine public

Souvent, les livres anciens contiennent de magnifiques illustrations dont leur austère couverture ne laisse guère deviner la présence : uniformément noire, celle-ci n’affiche aucune inscription et bien sûr, aucune image, et la présentation de la couverture du livre sur l’écran d’un ordinateur en réponse à une requête ne fournit aucune information.

Plusieurs solutions à ce problème ont été essayées par Google, comme la création automatique de couvertures typo, où s’affichent titre et auteur. C’est utile, mais pas très beau :

couvgoog

Lorsque c’est possible, Google utilise maintenant un algorithme qui permet de sélectionner une illustration pertinente située dans l’ouvrage, et de l’utiliser en page de couverture, en y ajoutant titre et auteur, le tout, bien sûr, automatiquement.

Cela donne par exemple ceci :

butterflies

On peut aussi essayer, pour en juger in situ, la requête  » plant » sur Google Book Search.

Plus de précisions sur le blog Inside Google Books.

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Livre ou pas livre ?

Pour moi, clairement, le document que François Bon présente ici n’est pas un livre. Si c’était le cas, deviendraient des livres quantité d’objets audio-visuels, dont jusqu’à présent personne n’a pensé un instant qu’ils étaient des livres.

Pourquoi la question se pose-t-elle aujourd’hui ? C’est la conséquence directe de la dématérialisation du livre, et de l’irruption du numérique et d’internet. Je souscris entièrement au texte d’Arnaud Maïsetti qu’a publié Constance, j’aurais aimé l’avoir écrit, tellement il exprime avec justesse ce que je pense et ressens.
Je ne dirais pas que l’on n’a plus besoin du mot « livre » : on en aura besoin tant qu’il y aura des livres, et si d’autres formes d’inscription et de transmission du savoir et d’une « relation réfléchie au monde » émergent, d’autres termes surgiront probablement pour les désigner. Il restera à définir à quel instant une forme échappe à la définition du livre : l’habit de papier et de colle semblait bien pratique pour reconnaitre un livre…

Même les livres numérisés, objets dérivés des livres publiés initialement sous forme imprimés, seront probablement très vite de plus en plus différents de la version imprimée : on souhaitera leur adjoindre les commodités permises par leur nouveau statut d’objet numérique, interactivité, adjonction d’éléments multimédias, possibilités de recherche, possibilités d’annotation, voire lectures collaboratives.

Il y a déjà des déplacements qui s’effectuent, entre par exemple le livre et le jeu vidéo. De nombreux talents, talents de raconteurs d’histoires, de ceux qui aiment inventer des mondes et nous les proposer, choisissent aujourd’hui de s’exprimer à travers le jeu vidéo, qui combine narration, interactivité, image, animation 3D. Et lorsque l’on aura cessé de mépriser ces formes, on se rendra compte que de véritables créateurs émergent dans ces sphères largement ignorées du monde de l’édition. Le jeu vidéo fait l’objet aujourd’hui de la même méfiance parmi les intellectuels que le cinéma dans ses débuts, ou la bande dessinée.

C’est aussi du côté des arts numériques que pourront se tourner ceux des auteurs qui apprivoisent les outils numériques. Et là, toutes les rencontres sont imaginables, avec la peinture et la danse, l’architecture, la musique, le design. Ainsi s’écrira la suite d’aventures collectives qui ont existé bien avant le numérique et continueront d’exister aussi en dehors de lui, celles de rencontres entre artistes : voir les livres d’artistes de Michel Butor, ceux de Miro (exposés cet été à la fondation Maeght), ou bien lectures de François avec Pifarély et bien d’autres performances et réalisations.

Dès qu’il quitte son costume de papier, le livre, pffuitttt, nous file entre les doigts, et s’en va flirter avec les applications, le son, la vidéo…

L’opération inverse existe, avec l’impression à la demande, qui voit le livre (dans l’acception « objet » du terme), comme l’une des occurrences d’une Œuvre qui existe tout d’abord au format numérique, et vient se matérialiser sous forme de livre imprimé pour répondre au besoin particulier d’un utilisateur (qui aime le papier, souhaite une lecture déconnectée, veut pouvoir le poser sur une étagère de bibliothèque, écrire dedans, ne pas devoir brancher quoique ce soit ou allumer quoique ce soit pour accéder au texte…)

Si on s’efforce aujourd’hui de fixer la définition du terme « livre numérique », c’est pour pouvoir décider d’étendre la définition du livre, et qu’elle englobe les livres numériques. Tout simplement parce qu’ainsi, tous les livres numériques seraient des livres, et seraient d’un seul coup : 1) concernés par la loi Lang, c’est à dire que leur prix demeurerait fixé par les éditeurs, avec un effet protecteur pour les libraires, 2) soumis à une TVA de 5,5%, taux accordé aux livres, mais pour l’instant, leur définition spécifie qu’ils sont « imprimés », et leur version numérique est vendue avec une TVA de 19,6%.

(illustration : un des livres de plomb d’Anselm Kieffer, photographié au Grand Palais en 2007.)

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Un ciel normand

Dan Clancy, directeur de l’ingénierie chez Google, nous donne la vision de Google du futur du livre, dans cette intervention donnée au Musée de l’histoire des ordinateurs à Mountain View. À ceux qui s’inquiètent du rôle que pourront jouer les libraires dans un monde où va se développer progressivement le « cloud publishing », Dan Clancy envoie un signal qui se veut rassurant :

« Mais aujourd’hui, les librairies physiques sont une part essentielle de l’écosystème du livre. Et en fait un nombre important de livres sont achetés parce que des gens vont dans des librairies physiques et disent « hé, je veux celui-ci, je veux celui-là. »

Et je pense que c’est une erreur de penser qu’à l’avenir, numérique signifiera « en ligne » et « physique » voudra dire « off line ». Parce que s’il advenait que 10% des livres passent au numérique, ce serait vraiment dur pour tous les libraires de maintenir leur modèle économique.

Une partie de notre modèle consiste à imaginer comment nous allons syndiquer à nos partenaires tous les livres récents que nous vendons, de sorte que chaque libraire puisse vendre une édition Google et trouve un moyen pour que les gens puissent les acheter dans leur librairie « brick and mortar ».

Et en définitive, notre projet c’est que vous soyez en mesure de lire sur n’importe quel terminal. Notre projet c’est : quelques uns liront leurs livres sur un ordinateur portable, quelques uns les liront sur un netbook, et d’autres liront sur leur liseuse. Et nous allons travailler avec tout fabricant de liseuse qui veut faire en sorte de pouvoir recevoir ses livres du nuage de Google.

Ainsi, avec ces principes concernant un monde futur, nous sommes en train de construire un monde où il y aura de nombreux acteurs qui revendront des livres, lus sur toutes sortes de terminaux, mais cela sera encore hébergé dans le nuage. Et lorsque nous discutons avec des éditeurs et des libraires, je pense que c’est le bon modèle, parce que nous essayons de faire ce qui devrait être un modèle ouverrt qui encourage la concurence.

Autant de pierres jetées dans les jardins d’Apple et d’Amazon, qui mènent une stratégie bien différente, cherchant chacun à capturer des clients et à les retenir en leur proposant des solutions intégrées et propriétaires. Côté Amazon, une librairie numérique qui compte aujourd’hui plus de 300 000 titres, et une gamme de Kindle, seules liseuses capables de lire ces fichiers. Côté Apple, pas encore pour le livre de modèle équivalent à celui du couplage « iTunes – iPod » pour la musique. Il y a bien quelques livres dans l’App Store, mais le gros des catalogues est accessible via des applications comme Stanza, (créée par Lexcycle, racheté par Amazon…), qui proposent un accès direct aux livres numériques sans passer par l’App Store. Cependant les supputations vont bon train concernant la tablette Apple, qui devrait sortir à l’automne, et les projets d’Apple autour du livre numérique qui pourraient lui être associés. Et, pendant qu’Amazon nous fait prendre conscience à chacun, à travers un lamentable épisode orwellien, de la fragilité de ce que nous considèrions à tort comme nos « possessions » numériques, Google fait ami – ami avec les libraires, et tente de banaliser l’idée d’une forme de cloud-publishing respectant l’écosystème du livre, et en particulier ses acteurs probablement les plus vulnérables, les libraires.

Dan Clancy décrit un univers du livre numérique servi par un seul nuage, celui de Google. De nombreux revendeurs, et des terminaux variés, certes, mais qui tous s’approvisionnent auprès du gros nuage de Google. Et si les éditeurs souhaitaient héberger eux-mêmes leurs contenus ? Et s’ils voulaient bien du « cloud publishing », mais à condition que la concurrence ne se limite pas aux revendeurs, mais qu’elle s’applique aussi à l’hébergement et à la distribution des livres numériques ? Non pas un seul gros nuage, mais plein de petits nuages, comme ceux d’un ciel normand.

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Barnes & Nobles : une offre numérique « device agnostic » ? Il faut le dire vite.

barnesBarnes & Noble vient d’ouvrir sa librairie numérique en ligne. La principale chaîne de librairie américaine (770 librairies dans 50 états…) vient rivaliser ainsi avec Amazon pour la vente des livres numériques.

Son offre est proche de celle d’Amazon sur plusieurs points : le prix auquel sont proposés les titres les plus demandés – 9,99 $. Par ailleurs, le modèle intégré format propiétaire / e-librairie. La home pourrait nous induire en erreur, qui met en avant, via une série de photos qui défiilent, différents terminaux associés à des contextes de lecture distincts. Sur 4 photos, 3 représentent des personnes de sexe féminin : une jeune femme avec sa fille, qui utilisent un iPhone, une étudiante avec un Mac, une dame âgée un PC sur les genoux, et une seule représente un jeune homme, qui utilise, lui, un Blackberry (un truc pro, un truc de mec le Blackberry… Les femmes, elles, elles vont à la fac avec leur Mac pour essayer de rencontrer un futur possesseur de Blackberry, l’épouser, avoir une petite fille et lui raconter des histoires qu’elles liront sur leur iPhone. Plus tard, quand la petite fille sera partie chercher un mari à la fac, elles iront se reposer au bord de la mer, leur PC sur les genoux. #quartdheurefeministe )

barnesdetail1Les livres numériques de chez Barnes & Noble fonctionnent « avec le eReader que vous possédez déjà… » (enfin, sauf si vous possédez une liseuse Kindle, Sony ou Bookeen…) Ce terminal de lecture, ce doit être en réalité soit un iPhone, soit un Blackberry, soit un ordinateur Windows ou Mac. Mais l’annonce a été faite que très prochainement, Barnes & Noble allait devenir le revendeur exclusif de la liseuse annoncée par Plastic Logic pour la fin de l’année.

Annonçant 700 000 titres numérisés (parmi lesquels il faut compter
500 000 livres issus du domaine public, et mis à disposition par Google), Barnes & Noble peut revendiquer l’offre numérique la plus vaste jamais rassemblée sur un seul site.

La plupart des titres que Barnes & Noble a trouvés dans le panier de la mariée FictionWise sont au format eReader. Ce format est bien connu des adeptes précoces de la lecture électronique : développé initialement sous le nom de PeanutPress, il a été acheté par Palm et renommé Palm Digital Media, avant de l’être par eReader, absorbé ensuite par FictionWise. Le logiciel de lecture eReader, qualifié de « device agnostic », permet un accès avec ou sans fil à la boutique en ligne de Barnes & Noble. Cette application est compatible avec un très grand nombre de terminaux incluant les smartphones leaders du marché (iPhone et Blackberry), ainsi que les ordinateurs Windows et Mac. « Device agnostic » ? Hum… Cela veut dire simplement que le logiciel eReader de FictionWise a été porté sur un grand nombre de plateformes. Mais il n’est nulle part mention d’une quelconque liseuse (possesseurs de Kindle, de Sony ou de Bookeen passez votre chemin. ) « interopérable » ? Non, vraiment pas. Et pas mal sexiste, leur promo, quand même…

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Le projet Amanda

4th Story Media, annonce pour bientôt la disponibilité de son nouveau projet multi-plateformes : Le Projet Amanda. Il s’agit d’une histoire interactive conçue pour les filles de 12 à 14 ans, autour d’une collection de 8 livres qui seront édités par Harper Collins qui a également investi dans la totalité du projet. Les lectrices pourront contribuer au récit via des médias sociaux et des jeux.

« Amanda Valentino a de l’allure et du charisme. Elle arrive en milieu d’année au collège d’Evansville, le quitte brusquement, et change de manière indélébile les vies de tous ceux qui l’auront côtoyée entre temps. Son histoire est racontée à travers une variété de médias qui viennent s’ajouter aux livres un site social où les lecteurs peuvent interagir avec les personnages ou devenir des personnages de l’intrigue, une série de blogs qui racontent l’histoire de différents points de vue au fur et à mesure, des indices et des articles sur des sites satellites, de la musique à télécharger ainsi que divers produits officiels ou créés par les utilisateurs. »

Le sort d’Amanda commencera à se jouer sur le web très prochainement, et en attendant, une vidéo pour faire patienter les girls :

(via Electric Alphabet – Kate Eltham )

Cette initiative, comme celle de Penguin avec We Make Stories dont je parlais il y a quelques jours, questionnent les frontières du métier d’éditeur. Jeremy Ettinghausen dit qu’il a cessé de se définir comme éditeur de contenus, mais se présente désormais comme éditeur de services. Mais qu’est-ce qui relie ce genre de projet au monde traditionnel de l’édition ? Quelles compétences éditoriales sont nécessaires dans les équipes qui gèrent des projets de ce genre ? Pour quelles raisons un auteur porteur d’un projet de ce type ira plus volontiers le proposer à un éditeur qu’à une société de production de jeux ? Est-ce que dans le projet Amanda les livres demeurent finalement le produit principal, et portent symboliquement tous les autres médias qui concourent à l’Œuvre ? Est-ce la nécessité, pour uns jeune structure comme 4th Story Media, de s’adosser à une marque forte (mais Nintendo ou Electronic Arts sont aussi des marques fortes…) ? Ou bien est-ce la volonté d’un groupe d’édition traditionnel de diversifier ses produits et de s’adjoindre progressivement des talents multimédia, designers, développeurs, considérant que ceux-ci sont maintenant de moins en poins dissociables de l’édition de livres ?

Il y a déjà un bon moment que les éditeurs ne fabriquent pas uniquement des livres. Il a fallu d’ailleurs, pour prendre en compte cette réalité, ajouter des champs de description dans les bases de données produits. Les éditeurs produisent des livres, mais aussi des jeux, des CD-Rom, des CD audio, des DVD, des coffrets, des fichiers, des classeurs. C’est le cas tout particulièrement dans l’édition scolaire, mais aussi dans le pratique (voyez les rayons livres de cuisine dans les librairies, où les éditeurs rivalisent dans la présentation des livres, qui sont de plus en plus accompagnés d’objets variés et présentés dans des coffrets sophistiqués). Cette diversification va-t-elle se poursuivre dans le numérique ?

Attendons de faire connaissance avec Amanda. Peut-être, en tant que « digital native » aura-t-elle des choses à nous apprendre sur ces questions ?

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enhanced editions : édition sur mobile, nativement numérique

J’ai déjà évoqué le studio Apt dans ce blog : ils ont réalisé le site imaginé par If-Book autour du Carnet d’Or de Doris Lessing (lecture, commentaires et annotations en ligne), ainsi que cette très belle vidéo. Peter Collingridge, l’un des dirigeants du studio Apt annonce aujourd’hui qu’il fonde avec quelques éditeurs une maison d’édition numérique, entièrement dédiée à la publication d’Œuvres sur iPhone : enhanced edition. Rien n’est encore visible, en dehors d’une page web, d’une adresse Twitter, d’une newsletter. Mais je ne sais pas pourquoi, j’ai eu tout de suite envie d’ajouter @enhancededition à mes following.
Enfin si, je sais, en lisant ces lignes, simples et directes :

« Nous sommes une équipe d’éditeurs, de designers et de développeurs, et nous faisons des livres pour l’iPhone de la manière dont ils doivent vraiment être fait. Faciles à lire et d’une navigation aisée, avec de nombreuses fonctionnalités qui seront annoncées très prochainement. »

Le projet, nous dit Peter Collingridge, a muri pendant près d’un an, et le point de départ a été cet article rédigé par Peter à propos de Stanza, au moment du lancement de l’application qui a connu un tel succès. C’était avant le lancement de la liseuse Sony au Royaume-Uni, avant que les éditeurs britanniques ne commencent à diffuser massivement des titres numériques au format epub.

À suivre…

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recherche par auteurs

Je m’étonne que personne n’ait encore fait allusion, dans la discussion qui suit l’ article en forme de mouvement d’humeur de François Bon au sujet du projet de plateforme de sites auteurs de la SGDL, au site FiledBy Authors.

J’ai repéré ce site au mois de mars. Il part d’une idée assez simple, proche probablement de celle de la SGDL, aider les auteurs à avoir une existence en ligne, quel que soit leur degré d’implication dans des apprentissages web, ou bien le temps qu’ils sont disposés à y consacrer.

Mais FiledBy n’a pas demandé leur avis aux auteurs, ni essayé de les sonder pour savoir combien ils seraient prêts à payer. FiledBy a commencé par agréger différentes bases bibliographiques, dans l’idée de proposer tout d’abord une base de données d’Œuvres organisée par auteurs. Il était ensuite assez simple de permettre aux auteurs : 1) de se revendiquer comme la personne désignée sur tel enregistrement de la base de données 2) de s’inscrire à FiledBy et d’avoir la possibilité de compléter corriger la fiche auteur le concernant 3) d’ajouter des liens vers leur blog. Ajouter à cela quelques bonnes pincées de web 2.0, et vous voilà muni de tous les ingrédients numériques nécessaires à la création et à l’animation de communautés de lecteurs…

Il s’agit d’un modèle économique de type » freemium » : le service est gratuit. Gratuitement, un vrai service est offert. Mais en payant un peu, on accède à un service plus intéressant, et en payant encore plus, à un service encore plus intéressant…Ainsi le « gratuit », qui va concerner la majorité des auteurs, et la totalité des lecteurs, sera financé par la proportion d’auteurs prêts à payer pour une meilleure prestation.

Voici comment Mike Shatzkin présente FiledBy Authors, dont il est l »un des fondateurs :

« Filedby adresse la question de la longue traîne d’une manière originale. Filedby propose aujourd’hui une page web à 1,8 millions d’auteurs, dont chacun a publié aux Etats-Unis ou au Canada (= a un ISBN). Les pages, qui existent déjà, doivent être « revendiquées » par les auteurs, ce qui est le point de départ d’une page personnalisée que Filedby a déjà largement esquissée de manière automatique. Nous voyons une opportunité énorme à aider les auteurs à s’aider eux-mêmes. Beaucoup d’entre eux ne reçoivent aucune aide de leur éditeur. Franchement, à part Morgan Entrekin, qui a parlé explicitement d’utiliser internet pour trouver de l’audience pour ses livres qui font entre 6000 et 25000 exemplaires, personne n’a grand espoir que les éditeurs s’y mettent dans un futur proche. Chacun semble attendre des auteurs qu’ils se débrouillent par leurs propres moyens. Moi et le co-fondateur Peter Clifton avons passé un moment génial à démarrer ce business. »

Qu’est-ce que Filedbyauthor ?

Filedbyauthor est l’ensemble le plus complet de pages web dédiées à des auteurs. C’est aussi un endroit pour que les auteurs puissent se présenter et présenter leur travail, un lieu où les lecteurs pourront rechercher et découvrir de nouvelles Œuvres et un lieu pour quconque souhaite se connecter et discuter de son sujet favori. auteur ou livre, bien entendu.

Notre site se focalise sur ceux qui créent ! Notre but est d’aider chaque créateur à exister en ligne et à utiliser le web pour faire connaître et diffuser son travail.

Le site permet aux auteurs et aux autres créateurs dont on peut identifier les Œuvres de revendiquer celles-ci, de les mettre à jour, de les corriger, de lier les unes avec les autres toutes leurs activités, établissant ainsi une image contrôlée d’eux mêmes et de leur travail.

Chacun peut être découvert et lié via un seul outil de recherche. Les pages permettent aux auteurs et aux autres créateurs de consolider leur activité de marketing en ligne et de maximiser leur présence web.

Nous pensons qu’il est important pour les auteurs d’accéder, de corriger et de nettoyer les données qui les représentent partout sur les places de marché du livre et ensuite de mettre leurs pages à niveau pour une meilleure promotion d’eux-mêmes et du web.

Les lecteurs utilisent filedbyauthors pour rechercher des auteurs et leurs Œuvres, accéder à du contenu exclusif posté par les auteurs enregistrés, len savoir plus sur leurs auteurs préférés, ajouter des commentaires à destination des autres lecteurs et auteurs, évaluer et rendre compte des titres et recevoir des mises à jour lorsqu‘un auteur poste un nouveau contenu ou signale un événement.

Si vous avez publié au Canada ou aux Etats-Unis, il y a des chances que votre page auteur attende déjà que vous la revendiquiez !

Il y a trois types de membres :
* Basic GRATUIT
* Premium – $99/an
* Premium Plus – $399/an

Les éditeurs sont invités à travailler avec nous de plusieurs manières :

• En sponsorisant leurs auteurs pour l’abonnement à l’une de nos formules
• En nous fournissant des données bibliographiques, incluant les informations de titre et de couvertures
• En nous fournissant des informations biographiques et des photos d’auteurs
• En faisant savoir à tous leurs auteurs qu’ils peuvent participer et revendiquer leur page
• En posant des liens vers Filedbyauthors depuis leurs pages auteurs sur leur propre site ou ailleurs

L’existence de ce site, pas plus que celui du site que projette la SGDL, ne se substitue pas aux autres invesissements web, multiformes, de nombreux auteurs. Pas plus que Facebook n’a chassé les blogs. Le fait de créer très simplement sa page, et surtout d’acquérir une visibilité immédiate en faisant masse en un lieu précis du web, petit agrégat de brins de paille savamment arrangé dans la botte de foin, n’est pas du tout incompatible avec d’autres formes d’existence web, sites personnels, blogs, participation à divers réseaux sociaux etc.

Il y a de la place sur le web, pour l’un et pour les autres, pour l’immeuble collectif et pour les quartiers pavillonnaires, pour les hameaux isolés comme pour les centres villes grouillants de monde. Et on peut même habiter un peu partout, squatter un appartement et retaper une maison de campagne, prendre une coloc en banlieue ou emprunter pour devenir propriétaire de cette jolie résidence en multipropriété…

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Les mantra de Jeremy Ettinghausen

Jeremy Ettinghausen, Editeur Numérique chez Penguin, annonce sur le blog Penguin le lancement d’un nouveau service : « We Make Stories ». (On se souvient de « We Tell Stories », l’an dernier, projet piloté par Jeremy également… )

« En tant qu’éditeur numérique, j’ai mené de nombreuses conversations ces dernières années avec des éditeurs de livres, des éditeurs traditionnels, où j’essayais de les convaincre que nous sommes maintenant dans un métier de « contenus » plutôt que dans un métier de « livres ». J’ai réalisé, en déjeunant tout seul, que dans une entreprise pleine d’amoureux du livre, ces éditeurs n’ont pas spécialement envie de se penser comme des producteurs de contenus, quel que soit le jargon nouveaux-média que j’emploie pour essayer dme rendre cela sexy, ou peut-être à cause même de ce jargon. Et alors que le débat fait rage sur le prix et la valeur des contenus numériques, voici que j’essaye un nouveau mantra auprès de mes collègues méfiants : je ne parle plus de « contenus », mais de « services ». L’idée, telle qu’elle m’est venue à l’esprit, encore assez informe, est la suvante : Bien que, nous le savons, c’est un vrai défi de faire payer des clients pour des contenus numériques, nous devrions être capables d’utiliser nos compétences, notre expertise, notre expérience, pour créer des services pour lesquels les gens voudront bien payer. Des services, c’est ce que nous proposons à nos auteurs, alors peut-être y a-t-il des services que nous pouvons proposer à nos lecteurs ? (…).

Bon, la preuve du pudding, c’est qu’on le mange, et je suis donc très heureux de vous annoncer le lancement de notre premier service, une suite d’outils en ligne permettant aux enfants de créer et raconter leurs propres histoires. Grâce à « We Make Stories », les enfants (de tous âges, même si le site a été pensé pour des 6-11 ans) peuvent créer, imprimer et partager une grande variété de types d’histoires. Ils peuvent créer des livres animés (pop up), personnaliser des livres audio, créer leur BD, fabriquer de passionnantes cartes au trésor, et développer un grand nombres d’aventures variées.

Ainsi, nous allons savoir très rapidement si oui ou non il existe une audience pour du contenu payant en ligne créé par des éditeurs, et si, tout comme il existe des livres édités que les gens veulent lire, il peut exister des services créés par des éditeurs que les gens trouveront utiles et distrayants. Sinon, il faudra que je trouve rapidement un nouveau mantra… »

We Make Stories est donc un site web destiné aux enfants, payant, ( 9,99 €, un droit d’entrée qui n’est pas un abonnement, on paye une fois et on a un accès illimité). J’ai investi les 9,99 € euros et testé les unes après les autres les activités créatives proposées par le site. Pour l’ex-concepteur de CD-Rom pour enfants que je suis, c’était une expérience étrange : j’ai retrouvé maintes idées discutées, certaines réalisées dans divers projets, toutes tournant autour de la possibilité de donner aux enfants des outils leur permettant de réaliser facilement des histoires ou des séquences amusantes. Mon verdict : un grand bravo sur le design, l’ergonomie, la qualité de l’expérience utilisateur. Ma réserve : le côté systématique qui peut être parfois assez lassant, à partir du moment où l’on a compris le fonctionnement – c’est presque toujours le principe d’une narration dont la trame existe, mais sur laquelle l’enfant peut effectuer de nombreux choix qui tous ont été anticipés. On isole des éléments signifiants, de façon systématique, et propose pour chacun de ses éléments des alternatives parmi lesquelles l’enfant peut choisir. Assez vite, on sent que la « créativité » du côté de l’enfant peut être assez limitée, elle consiste presque toujours à choisir une option, sauf peut-être lorsqu’on lui permet d’enregistrer lui-même des sons. Cependant, la complexité et le nombre de ces choix, lorsqu’il s’agit par exemple de créer un personnage, sont tels que l’enfant a vraiment le sentiment de modeler son personnage. L’idée de proposer pour les yeux et la bouche une large gamme d’expressions que l’on fait défiler avec un curseur est excellente.

Voici l’interface qui permet de modeler son personnage :

comic-genius

On réalise bien alors que l’on peut choisir la coiffure d’un personnage parmi plusieurs proposées, mais que le choix des yeux et de la bouche est plus le choix d’une expression : pour choisir la bouche on doit jouer sur le curseur Mood (humeur) , et pour les yeux on joue sur le curseur Kindness (gentillesse). .

La créativité est là, en tout cas, du côté des concepteurs de ces très beaux jeux. Des jeux à mettre entre les mains des enfants pour voir la façon dont ils vont s’en emparer : ils s’amuseront certainement à manipuler images et sons. A habiller leurs personnages, à les agrandir ou les rapetisser, à enregistrer des sons pour agrémenter une histoire.

Il faudra revenir sur ce site d’ici quelques mois, voir ce que les enfants auront réalisé avec cette très belle panoplie d’outils, réalisée avec talent, humour et délicatesse. Tester des produits auprès d’enfants – pire, auprès de ses propres enfants – est souvent l’occasion de surprises déroutantes. Je me souviens avoir un jour testé sur les miens une animation autour d’une chanson qui jouait sur la répétition. Les enfants avaient regardé toute l’animation, censée être amusante, sans bouger, le visage neutre. Et ils se tordaient de rire à la séquence finale, simplement à la vue d’une petite souris que le graphiste avait ajouté pour le plaisir, et qui avait un mouvement rigolo. Ils se passaient et repassaient la séance juste pour les 5 secondes de souris. C’était inexplicable et un peu décevant. J’avais le sentiment de n’être pour rien dans leur amusement, que celui-ci était le fruit du hasard. Ce fut aussi un enseignement : ne jamais travailler avec des a-priori concernant les « uilisateurs ». Tester. tester, et re-tester. Et aussi, toujours mettre, un peu partout, des petites souris, au cas où.

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En direct du Bureau des Éditeurs

penguinofficePenguin USA ouvre un nouveau site intitulé « From the Publisher’s Office ». Destiné à mieux faire connaître livres et auteurs, il présente des contenus originaux, clairement séparés par type de média : des vidéos (screening room), des contenus audio (radio room), des extraits de livres (reading room). La particularité de ces éléments : ils ont été conçus et réalisés par les collaborateurs de Penguin eux-mêmes.

J’aime assez la simplicité avec laquelle sont réalisées les vidéos : du « fait maison » soigné, sans prétention, qui montre bien une évolution de l’usage de la vidéo sur le web. Là où de grandes marques continuent de réaliser des vidéos avec de gros budgets, des équipes professionnelles, des éclairages très soignées, des images « parfaites », d’autres optent pour un style plus familier, plus dans l’esprit de la « caméra stylo « . En réalité, qu’importe parfois si l’image est un peu tremblée, quand ce que nous dit cette image nous intéresse ? Si par contre il s’agit d’essayer de rendre sexy une barre de céréales, l’image a intérêt à être absolument parfaite… Bon, il est des cas bien sûr aussi ou une photographie parfaitement maîtrisée sert un propos tout à fait passionnant… et là, c’est la fête !

Pour la partie « reading room », on a utilisé la technologie ISSUU. C’est seulement en mode « paper view » que je trouve ce mode de visualisation lisible, mais peut-être est-ce dû à la taille de mon écran où à ma vue qui a été meilleure…

L’intérêt de ce site, qui semble assez « 1.0 » dans sa conception (pas de commentaires ouverts pour les visiteurs, juste une « boîte à suggestions » qui est une adresse mail, pas de fil RSS…), c’est de donner la parole aux éditeurs. Donner la parole, cela ne veut pas dire mettre en vedette. C’est simplement assumer que derrière une marque, il y a des gens. Que les maisons d’éditions sont peuplées de gens qui aiment leur métier, réfléchissent à ce qu’ils font, ont des choses à dire sur les livres qu’ils éditent. Que le contact privilégié que les éditeurs ont avec les auteurs, ils peuvent le partager avec les lecteurs, lorsque l’auteur y consent. Bien sûr, il s’agit de donner plus d’exposition aux livres de Penguin, pour en vendre plus. Et alors ? Si l’éditeur ne cherche pas à vendre les livres dans lesquels il croit, qui le fera à sa place ? Quel auteur ne sera pas enchanté des efforts faits par son éditeur pour faire connaître son travail ?

Que cet effort pour parler des livres, des auteurs, de la lecture, aboutisse à des sites aussi bien réalisés, riches de contenus de qualité, on ne peut que s’en réjouir. Cela dénote aussi de la part des éditeurs une capacité à se lancer dans de nouvelles aventures, à investir de nouveaux médias dont ils sont peu familiers. Tout cela doit coûter cher, il n’est qu’à consulter la page « crédits » du site, et voir le nombre de personnes mobilisées sur le projet. L’accès à cette page est accompagné de la note suivante :

Les vidéos et tous les autres contenus exclusifs disponibles ici sur « En direct du Bureau des Editeurs » sont tous conçus et produits par les éditeurs, équipes marketing et communication de chez Penguin. En fait, des collaborateurs à tous les niveaux ont contribué à la réalisation de ces programmes »

Beaucoup de gens en interne, beaucoup sur des périodes de temps limitées, mais tout de même. Rendez-vous dans quelques mois, pour voir si ce numéro 1 aura été suivi d’un numéro 2, 3, 4… Cela seulement nous dira si pour Penguin la démarche a été un succès. Un succès qui ne peut que venir de cette proximité nouvelle entre éditeurs, auteurs, et lecteurs. Et qui peut se heurter à la difficulté de faire venir des visiteurs sur un site présentant les livres d’un seul groupe d’édition, aussi important soit-il.

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