Amazon achète Lexcycle

Voilà, j’ai été si élogieuse hier à propos de Neelan Choksi, que ça a décidé Amazon à acheter Lexcycle… Je le savais que j’étais une blogueuse influente 🙂

http://bits.blogs.nytimes.com/2009/04/27/amazon-acquires-stanza-an-e-book-application-for-the-iphone/

Trop tard pour bloguer sur cette nouvelle importante, et sur ses conséquences. Mais je suis sûre que d’autres vont s’en charger très rapidement…

Cette note sur le blog de Lexcycle, tout de même :

”Nous n’avons prévu aucun changement dans l’application Stanza ou dans l’expérience utilisateur suite à cette acquisition. Les clients auront toujours la possibilité de parcourir, acheter et lire les livres numériques issus de catalogues de nos partenaires. »

Comment interpéter cette acquisition ? Seul l’avenir nous dira ce qu’il va advenir de Stanza. Est-ce qu’Amazon va profiter du savoir faire de Lexcycle pour se mettre à utiliser le format EPUB ? L’idée est-elle de neutraliser un concurrent sérieux pour le Kindle, ou plutôt de gagner du temps dans la disponibilité des livres numériques sur de nouveaux terminaux mobiles (Blackberry ou terminaux sous Androïd) ?

Toute une série de liens sur l’événement ici : http://news.google.com/news?pz=1&cf=all&ncl=1342615656

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Neelan Choksi : comment rater votre arrêt de bus

Neelan Choksi, COO de Lexcycle, la société qui a créé le logiciel Stanza, était l’un des invités de la conférence « America’s changing readers – Strategies for digital publishing in a time of uncertainty », qui se tenait à Londres à la veille de l’ouverture de la foire du livre. Il avait aussi un stand minuscule, tout près du Digital Theater. Neelan a rappelé son itinéraire : ingénieur de formation, il a complété son cursus universitaire par un diplôme de management, puis commencé sa vie professionnelle chez Exxon, a continué dans le consulting, avant de créer plusieurs sociétés high tech. La dernière, Lexcycle, a réalisé l’application Stanza, qui permet de lire des livres numériques sur un iPhone. Stanza était disponible sur l’App Store, la plateforme opérée par Apple et permettant de télécharger des applications destinées à l’iPhone, dès le 14 juillet 2008, moins d’un mois après l’ouverture de l’App Store. La succès a été foudroyant : Stanza a aujourd’hui été téléchargé par plus de 1,7 millions d’utilisateurs dans 60 pays, et a permis le téléchargmeent de plus de 7 millions de livres numériques.

L’objectif de Neelan Choksi : offrir aux lecteurs la meilleure expérience de lecture sur mobile. Le critère : que vous ratiez votre arrêt de bus parce que vous êtes plongé dans la lecture d’un livre sur votre mobile. Il y a quelques mois il semblait encore inconcevable à presque tout le monde que l’on pût lire longtemps sur un téléphone mobile. L’arrivée de l’iPhone a bouleversé le paysage, ainsi que celle de Stanza. Ce n’est pas la seule application de lecture sur iPhone, mais c’est la plus utilisée.

L’obsession de Neelan Choksi et de son équipe (toujours réduite à trois personnes me dit-il) : faciliter la vie du lecteur à tous les stades – recherche d’un livre, choix du livre, achat de celui-ci s’il s’agit d’un livre payant, téléchargement, démarrage de la lecture. Le secret : éviter toute friction, à chacune de ces étapes. Cela peut paraître une évidence, mais nous savons tous, par notre pratique des achats en ligne, ce que signifie le terme « friction » : parcours alambiqué, mauvaise information sur la conséquence probable d’une action qu’il nous est demandé de faire, incertitude sur le fait qu’un clic a ou non été pris en compte, incapacité à savoir où telle ou telle application téléchargée a bien pu aller se cacher dans notre disque dur, remplissage interminable de formulaires, nécessité de recommencer entièrement une série d’opérations fastidieuses. Autant de frictions, qui rendent le choix difficile, l’achat compliqué, l’usage pénible, exaspèrent et découragent l’utilisateur.

À cette attention portée à la fluidité du processus, Neelan ajoute un soin particulier apporté à la qualité de l’expérience de lecture elle-même. Le livre imprimé est un objet formidable, on ne le dira jamais assez. Il convient de comprendre pourquoi, et comment la lecture sur ce « terminal papier » est si agréable, et de reconstituer autant que faire se peut tous les ingrédients de ce conforts sur support électronique. » Qu’est-ce qui rend magique la lecture sur les livres imprimés ? « , demande Neelan aux éditeurs présents dans la salle. Et il poursuit : « Il faut observer cela au plus près, et en tirer des leçons pour les livres numériques. »

La lecture, nous rappelle-t-il, est fondée sur la reconnaissance de motifs (« patterns ») : la lettre, le mot, le groupe de mots, la phrase, le paragraphe. Il se réfère explicitement aux travaux de Bill Hill, qu’Alain Pierrot cite fréquemment, et évoque le concept de « harmonic gait », que j’ai du mal à traduire autrement que par « démarche harmonieuse ». Ce concept est issu de l’étude des traces des animaux : la « démarche harmonieuse » d’un animal est le motif que composent plusieurs de ses traces, lorsqu’il se déplace normalement, sans stress particulier. Pour les animaux à longues pattes, comme le chien par exemple, l’empreinte de la patte arrière gauche va coïncider, lorsque l’animal se déplace en « demarche harmonieuse » avec l’empreinte précédente de la patte avant gauche. Si l’animal accélère, l’empreinte se situera devant l’empreinte précédente, s’il ralentit, elle se situera derrière. Ce concept d' »harmonic gait » est utile pour comprendre comment se déplace notre oeil de lecteur le long d’un texte. Nous avons chacun notre « harmonic gait », et notre lecture connaît, comme les déplacements des animaux, accélérations et ralentissements.

Permettre une lecture immersive, de longue durée, sur un terminal électronique, est une étape essentielle pour que se développent massivement des pratiques de lecture numérique

Je cite Bill Hill :

« Pour des tâches de lecture de très courte durée, comme la lecture de mails, les lecteurs sont préparés à supporter un affichage assez pauvre du texte. Ils ont appris à vivre avec pour de courtes périodes. Mais plus ils lisent longtemps, plus les petites fautes d’affichage, de mise en page et de rendu, deviennent irritantes et distraient leur attention de ce qu’ils lisent

La conséquence, c’est qu’une tâche qui devrait être automatique et inconsciente commence à réquérir un processus cognitif conscient. Lire devient alors un travail pénible. La capacité cognitive normalement destinée à comprendre la signification du texte est surchargée par une demande additionnelle.

Si nous essayons de lire un document à l’écran et que l’ordinateur est relié à une imprimante, l’urgence de presser sur le bouton « imprimer » devient d’autant plus forte que le document est long et complexe, que la demande faite à notre processus cognitif est forte.

L »augmentation massive de l’usage d’Internet ces dernières années a finalement abouti à une augmentation importante du nombre de documents imprimés, alors même que ces documents sont délivrés au format électronique qui pourraient être lus sans nécessiter une impression. Pourquoi ? Parce que la lecture à l’écran ressemble trop à un travail pénible. Les gens utilisent le web pour trouver de l’information, pas pour la lire.

La recherche sur la lecture ludique est l’un des buts premiers de cette étude, trouver les moyens de rendre les livres numériques lisibles. Si les livres numériques doivent rencontrer le succès, les lecteurs doivent pouvoir s’immerger dans la lecture pour des heures, de la même manière qu’ils le font avec les livres imprimés.

Pour que cela soit possible, la lecture à l’écran doit devenir aussi automatique et inconsicente que la lecture sur papier, ce qui n’est clairement pas le cas aujourd’hui. »

J’ai interrogé Neelan sur les projets de Lexcycle. Dans l’immédiat, il s’agit de porter Stanza sur d’autres terminaux que l’iPhone : Blackberry et les mobiles sous Androïd, pour commencer. Il s’agit aussi d’avancer sur le projet OPDS, que Xelle décrit en détail ici.

Cela a été un grand plaisir de rencontrer Neelan Choksi et de discuter avec lui. L’histoire de Lexcycle et de Stanza a quelque chose d’un conte de fées : la bonne idée, au bon moment. Ce qui a été possible au moment où ils ont lancé Stanza ne l’est plus aujourd’hui aussi facilement. Des milliers d’application rivalisent maintenant sur l’App Store, et même les meilleures ont du mal à se faire connaître.

La réussite de Lexcycle ne tient pas seulement à cet effet d’aubaine, mais très certainement en premier lieu à la qualité de son équipe. Venus de la technologie, ils ont abordé le domaine de l’édition avec un esprit ouvert et curieux, ils ont su se poser les bonnes questions, adopter le standard EPUB, nouer des partenariats stratégiques, écouter les éditeurs, et, surtout, se mettre entièrement au service des lecteurs. Il a terminé son intervention par quelques conseils d’apparence évidents, mais, je le crois sincèrement, pas si évidents à suivre :

– la qualité compte
– chaque lecteur est unique
– chaque terminal est unique
– écouter l’utilisateur
– donnez une voix à vos lecteurs.

Avant de conclure : « It’s all about people reading. »

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Espresso : un livre, tout de suite !

Il y a déjà presque deux ans que j’ai évoqué pour la première fois l’Espresso sur ce blog. J’ai eu l’occasion de la voir fonctionner à la foire du livre de Londres. La machine de démonstration, dont la carosserie tranparente permettait de suivre toute les étapes de la fabrication du livre, a tourné à plein régime pendant trois jours, et je l’ai filmée pour vous avec mon appareil photo.

Imaginée par Jason Epstein, cette machine est déjà installée dans plusieurs bibliothèques américaines, et dans quelques librairies. Capable d’imprimer en quelques minutes un livre à l’unité, elle offre potentiellement au libraire ou au bibliothécaire la possibilité de n’être jamais en rupture. Lorsqu’il ne dispose d’aucun exemplaire d’un livre, il peut proposer à son client d’en imprimer une version pour lui. Il faut pour cela qu’une version numérique de l’ouvrage soit disponible, bien sûr. On imagine aussi l’avantage qu’il pourrait y avoir à disposer de telles machines dans les établissements d’enseignement.

Qu’est ce que cette machine, sinon un photocopieur perfectionné auquel on adjoint un module qui effectue les opérations de façonnage, afin de transformer en livre ce qui, sinon, serait un tas de feuillets fort désagréable à consulter. Avec l’Espresso, l’objet livre apparaît comme l’un des moyens, et sans doute l’un des plus agréables, pour accéder à une Œuvre de l’esprit. Sa simple existence, même si elle demeure assez rare, et si la preuve de sa facilité d’usage, et de la possibilité d’une adoption massive reste à faire, nous aide à ne pas demeurer centrés exclusivement sur le livre imprimé. Elle rend visible ce qui, confié aux imprimeurs, et réservé à des tirages justifiant la mobilisation et le réglage d’une machine offset, demeurait auparavant caché, contribuant à ôter au livre une part de son mystère : le moment de la fabrication, l’instant où le texte s’installe sur la page, et où les feuillets assemblées deviennent un livre. Un pas de plus vers la désacralisation du livre. Avec l’impression à la demande, le livre devient une forme possible, et pratique, pour quantité de documents qui ne se limite pas à des Œuvres littéraires : manuel, cours, cataloge, album souvenir, album photo, recettes de cuisine, tout document d’une certaine longueur peut désormais adopter cette forme. Et cette nouvelle accessibilité de l’impression croisée avec toutes les possibilités offertes par les technologies numériques pour générer des contenus, les mixer, les personnaliser, ouvrent la voie à quantité d’objets nouveaux.

Ajout du 25/04/09 : ce reportage de BBC news sur la machine Espresso :

Mise à jour du 8 mai 2009 : Alain Pierrot me signale un excellent billet paru sur le blog if:book, tout entier consacré à une longue réflexion sur la machine Espresso, quelques semaines après son installation dans une librairie londonienne. À quoi bon fabriquer un exemplaire imprimé d’un livre, à l’ère des liseuses et de la lecture sur téléphone mobile ? Réponse de Sonja Drimmer : la Présence.

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Back from London

Dans le train qui me ramène à Paris, essai pour mettre en ordre ce que je retiens des différents débats, séminaires et présentations auxquels j’ai assisté à l’occasion de la Foire du Livre de Londres.

Il me semble que l’expression que j’ai le plus entendu utiliser est : « focus on readers »
Que ce soit dans le « keynote » sur l’avenir de l’édition, dans celui joliment nommé « digital publishing : where is the money ? », durant l’après-midi de dimanche consacré à l’expérience américaine en matière d’édition numérique, cette nécessité de se concentrer sur les attentes des lecteurs était omniprésente.

Tous les responsables de groupes ou de maisons d’édition que j’ai entendus sont aujourd’hui tout à fait conscients de ce qui est en train de se produire. Ils savent tous qu’aujourd’hui il est extrêmement facile pour quiconque d’accéder à la publication, sans passer par leur intermédiaire. Ils savent aussi que leurs concurrents aujourd’hui ne sont plus seulement les autres éditeurs, mais toute une pléiade d’acteurs dont ils n’avaient jamais eu à se soucier auparavant, des acteurs dont la plupart n’existaient pas il y a vingt ans : Google, Amazon, Apple, les opérateurs de téléphone. Que leurs concurrents sont aussi tous ceux qui se disputent notre attention : télévision, vidéo, jeux, médias sociaux…

Comment font-ils, ces éditeurs, pour garder le moral dans un contexte comme celui-ci, auquel s’ajoute bien-sûr la crise économique ? Ils font comme vous et moi : ils savent que c’est dans ce monde qu’ils doivent vivre, et qu’il leur faut s’adapter. Ils savent que la meilleure manière de le faire, c’est de penser le changement non comme une fatalité mais comme une opportunité. Ils repensent leur métier en profondeur, dans toutes ses dimensions. Ils tirent des leçons des expériences menées dans les secteurs éditoriaux pionniers dans le numérique (édition professionnelle, éducation). Ils se familiarisent progressivement avec des technologies qu’ils ne peuvent plus ignorer, se préoccupent des formats, des métadonnées, des normes et standards, de la gestion de leurs fichiers. Certains découvrent et expérimentent les médias sociaux, moyens inédits de rentrer en contact avec leurs lecteurs. Les chantiers ne sont pas seulement techniques, mais aussi juridiques, économiques et impliquent des changements en profondeur dans les habitudes et les comportements.

Il est tant d’aspects qui changent et vont changer dans ce métier, que la question est peut-être finalement « Qu’est-ce qui ne va pas changer dans le métier d’éditeur ? »

Koyamparambath SatchidanandanPour essayer d’y répondre, je vais faire un détour. Dans les trois grands halls contigus qui accueillent la Foire de Londres, le « coin du numérique » est situé tout au fond, autour d’un « Digital Theater » beaucoup trop étroit pour l’audience qu’attire chacune des présentations qui s’y déroule. Auprès de ce lieu toujours débordant de monde, de très nombreux stands de prestataires numériques, dont on a l’impression qu’ils se sont multipliés à très grande vitesse.
Et à quelques pas de là, un espace plus vaste que le Digital Theater, Le « English Pen Litterary Cafe » accueille toute la journée des auteurs, dont de nombreux auteurs Indiens car cette année, c’est l’Inde qui est l’invité d’honneur de la foire. J’ai beau être tout à fait passionnée par mon métier, il m’arrive de saturer un peu des présentations techniques ou des discussions stratégiques sur le numérique (et oui !) Alors, je m’approche de cet espace où une foule nombreuse est venue écouter un auteur, et je m’installe pour écouter moi aussi. Je connais vraiment très peu la littérature indienne contemporaine. Alors je ne reconnais pas l’auteur, (mais plus tard, une petite exploration du programme et du web me permettent d’indiquer qu’il s’agit de Koyamparambath Satchidanandan, poète et intellectuel indien de langue malayalam.) Je l’écoute, et je me laisse emporter. Dans l’assistance, je repère plusieurs éditeurs français. L’un d’entre eux n’a pas trouvé de place assise, ils se tient debout, il ne perd pas un mot de ce que dit l’auteur, je peux lire sur son badge le nom de sa maison d’édition. A la fin de l’intervention, il s’approche de l’auteur, visiblement, il a besoin de lui parler. Et je me dis : « tiens, voilà un éditeur. »

Ce qui ne changera pas dans ce métier, c’est la passion d’éditer. La passion de découvrir et de distinguer, la passion de rencontrer et d’accompagner, la passion de mettre en forme et de fabriquer, la passion de faire connaître, de diffuser, de partager.

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en attendant, et à toute vitesse

En attendant d’avoir le temps de bloguer plus tranquillement la foire du livre de Londres, quelques échos et liens.

Les utilisateurs de Twitter peuvent suivre le tag #lbf, pour glaner des infos, et des images (beaucoup de gens qui utilisent ce tag ont posté des photos.)

Mike Shatzkin, qui intervenait dimanche dans la conférence « America ‘s changing readers -Strategies for digital publishing in a time of uncertainly  » affirme dans son billet du jour que la LBF est déjà pour lui l’occasion de  » validate some thoughts I’ve been having about ebooks. »

La nouvelle a été publiée hier de la nomination de Michael Healy à la tête du BRR, (Book Rights Registry), l’organisme qui, conformément à l’accord intervenu entre Google, l’AAP et l’Authors Guild (nommé en français « le Règlement »), sera chargé de créer et d’administrer une base de données des ayants-droits de la totalité des livres concernés par le Règlement. La première tâche du BRR sera de distribuer à ces ayants-droits les sommes prévues par le Règlement en compensation de la numérisation sans autorisation des livres sous droits par Google. Michael Healy dirige le BISG, et se consacrera à mi-temps au BRR. Tout ceci est suspendu à la confirmation du Règlement par la justice américaine prévue en juin.

L’Espresso, la « petite machine à fabriquer des livres » est l’une des attractions de la foire. La machine utilisée en démonstration est celle-là même qui sera installée dès lundi prochain dans la librairie de Blackwell à Charing Cross.

Bon, je dois filer, c’est mon dernier jour à Londres. J’ai hâte de me poser un peu pour bloguer plus en détail conférences et rencontres.

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Bloomsbury : une offre en ligne à destination des bibliothèques

Je l’apprends sur le fil twitter d’Adam Hodgkin, et le premier à publier un billet à ce sujet est The Bookseller.com : L’éditeur britannique Bloomsbury va ouvrir le 4 mai une offre en ligne à destination des bibliothèques, par l’intermédiaire de la plateforme Exact Editions. The Bookseller.com détaille : (traduction maison)

Bloomsbury est sur le point de proposer un accès à une sélection de ses titres aux usagers des bibliothèques via la plateforme Exact Editions. Bloomsbury déclare que cette initiative unique, abordable et user-friendly répond aux besoin des bibliothèques qui sont aujourd’hui dans la nécessité d’atteindre une audience plus large avec des budgets plus minces.

La Bibliothèqe en ligne Bloomsbury va ouvrir le 4 mai avec 10 à 12 titres constituant un « bouquet » parmi lesquels The Suspicions of Mr Whicher, de Kate Summerscale (Galaxy Book of the Year), Burnt Shadows, de Kamila Shamsie (sélectionné pour le Orange Prize), The Guernsey Literary et Potato Peel Pie Society, (deux succès dus au bouche-à-oreille) de Mary Ann Shaffer, et le bestseller international The Death of Vishnu par Manil Suri.

Les bibliothèques pourront s’abonner à des « étagères individuelles » incluant ce bouquet, une étagère jeunesse, une étagère sports, une étagère dédiée à Shakespeare, et une étagère de référence. Les bibliothèques paieront un abonnement de 100£ pour 100 000 utilisateursn avec un abonnement minimum de 250 £. Les livres seront consultables depuis le site web de the Exact Editions.

Richard Charkin, directeur éxécutif de Bloomsbury déclare : « Les bibliothèques sont extrêmements importantes pour les lecteurs, les communautés et les auteurs, et sont soumises à des contraintes financières très dures. Sans jamais oublier l’importance des livres eux-mêmes, elles doivent impérativement s’adapter aux demandes du 21ème siècle : combattre la fracture numérique, apporter un service à des communautés multiculturelles, attirer de nouveaux utilisateurs et atteindre les foyers. La Bibliothèque en ligne Bloomsbury a pour vocation de combler un vide, et, nous l’espérons, de montrer la voie à développements similaires dans le monde des bibliothèques.

Jusqu’à présent les offres numériques de consultation en ligne destinées aux bibliothèques étaient plutôt le fait d’éditeurs universitaires, scientifiques, techniques, juridiques, à l’exception notable de l’éditeur 100% numérique français publie.net, qui propose aux bibliothèques des abonnements à ses collections de littérature contemporaine

En France, plusieurs offres de livres numériques en accès en ligne comme en téléchargement existent pour les bibliothèques. Numilog a une offre qui en quelque sorte reconstitue pour le livre numérique les conditions de prêt du livre papier (avec une notion de « réservation »). (Voir le fonctionnement « côté usagers », détaillé sur le site de la bibliothèque de Reims.) Publie.net propose également une offre aux bibliothèques, pour la littérature contemporaine, offre détaillée ici.

S’il en existe d’autres, qu’elle se signalent en commentaire, et merci à Guillaume pour ses précisions en commentaire, qui m’ont permis de modifier la fin de ce billet.

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Ne me twitte pas…

…il faut oublier, oublier le temps… Le temps où Twitter n’existait pas. Le temps où Amazon aurait pu faire une malencontreuse erreur (#glitchmyass ?) qui sorte de son classement et rende quasiment invisibles sur son site tous les livres GLBT (Gay, Lesbian, Bisexual, Transgender) sans se retrouver au centre d’une tempête de prostestation en plein week-end de Pâques, le temps où l’avocat du journal « 20 ans » aurait pu envoyer avec quelque espoir de les impressionner une lettre à des blogueuses qui sont aussi des twitteuses, le temps où Mikkey Money, 17 ans, n’aurait pas pu menacer Twitter en lançant une attaque ce même week-end, infestant un, puis dix, plus de dix-mille comptes avec un virus.

Et oui, il s’est passé tout ça ce week-end, et pas mal d’autres choses, pendant que vous cherchiez les Œufs de Pâques…

Mise à jour du 15/04 : Amazon – un hacker revendique être à l’origine de l’affaire, tandis qu’Amazon plaide une « cataloging error ». Choisissez votre version.

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Détournement de tags

Comment s’y retrouver parmi un grand nombre d’informations, trouver celles que l’on cherche, correctement ranger et classer celles que l’on produit ?

(Ceux qui savent ce qu’est un tag, vous pouvez sauter les quatre paragraphes suivant.)

La question n’a pas attendu internet pour se poser. Elle se pose assez rapidement dès que l’on dispose d’une quantité de choses qui dépasse un nombre finalement assez réduit. Prenez simplement le disque dur de votre ordinateur. Un utilisateur novice stocke volontiers dans un premier temps ses fichiers sur le bureau. Il a le sentiment que c’est là qu’ils seront le plus accessibles, le plus « à portée de main ». Et il a raison. Tant qu’il règne sur une vingtaine de fichiers. Il peut les retrouver ainsi. Il les a à portée de la main. Mais très vite, l’écran du bureau est entièrement saturé d’icônes, et il faut bien trouver un autre moyen. Alors se pose la question du classement. On apprend qu’on peut mettre les fichiers dans un dossier. On est dans une analogie avec le monde des atomes : mettre un document dans une chemise, la chemise dans un dossier, le dossier sur une étagère. Et décider du nom du dossier, de sa place sur l’étagère. Et traiter le cas atroce des documents qui pourraient aussi bien être classés dans ce dossier que dans celui-ci. Se donner des règles. Créer un affreux dossier « divers », un épouvantable dossier « à trier ». Pire, dupliquer un document pour qu’il figure dans deux dossiers différents, et ne plus jamais penser, si on en modifie une occurrence, à modifier aussi l’autre, et avoir deux documents qui devraient être identiques et qui ne le sont plus.

Je me fais beaucoup moins de souci concernant le rangement de mon disque dur depuis que j’ai accès à un moteur de recherche qui parcourt non seulement les mots du titre de mes fichiers, mais les mots contenus dans ceux-ci. J’ai adopté un système de classement qui en vaut un autre, et, au moindre doute, j’utilise plutôt le moteur. Je n’ai pas besoin de savoir très précisément « où » j’ai rangé chaque document, j’ai juste besoin de savoir quels termes je dois taper dans le champ de saisie pour fournir au moteur le meilleur indice pour retrouver le fichier que je cherche.

Faute d’autres informations, un moteur de recherche utilise toutes celles que le document lui offre : son titre, le plein texte contenu dans le document, sa date de création, sa nature. Mais on peut ajouter, pour un document, de façon intentionnelle, des éléments qui ne seront destinés qu’à favoriser sa « trouvabilité ». On peut aussi ajouter à chaque document des étiquettes contenant de l’information sur le document lui même, sur la nature de son contenu. Ce geste de qualifier un document, de donner de l’information à son sujet dans le but d’améliorer sa capacité à être trouvé, c’est ce que l’on appelle l’indexation, lorsque le geste est réalisé dans un monde de termes plus ou moins contrôlés, et on parlera de « tags » (que l’on traduit par étiquette, label ou mot-clé) lorsque les termes employés pour renseigner un contenu seront librement choisis par celui qui pose le tag. On comptera sur le fait qu’un grand nombre de personnes déposeront un tag sur un contenu pour que se dégage une hiérarchie des termes choisis pour décrire un même contenu, en fonction du nombre de fois que le terme aura été choisi par une personne pour ce faire.

Bon, pourquoi je me lance dans cette longue explication ? Elle est tout à fait inutile pour tous ceux d’entre vous qui savent déjà tout cela – mais j’aime bien penser aussi à tous ceux qui ne le savent pas, éviter l’entre soi, et permettre à ceux qui viennent de commencer à s’intéresser à ces questions de trouver quelques repères.

Alors, pourquoi parler des tags aujourd’hui ?

Parce qu’il existe aussi des usages des tags qui vont au delà d’une simple description de contenu. Ou plutôt, un tag, cela permet d’associer à un ensemble d’informations un mot clé, rien de plus. L’usage principal du tag, qui nous fait penser qu’il s’agit là de sa définition, a été de considérer que le mot clé donne de l’information sur l’information, de la manière la plus objective possible. Mais cette idée que le tag informe, et qu’un « bon tag » est celui qui va faciliter la recherche, qui va informer précisément sur le contenu d’une information, est une idée pieuse. En réalité, on peut utiliser les tags de bien des manières. La décision de la nature de la relation que le tag entretient avec l »ensemble d’informations à laquelle on l’associe est prise par celui qui « pose » le tag, et il n’existe aucune « haute autorité » du tag. Le risque que vous prenez en taggant un ensemble d’information de façon fantaisiste, est, si cette information est taggée par un grand nombre de gens, que votre tag passe inaperçu dans le nuage de tags, où les tags les plus utilisés apparaissent en plus grand que les autres. Si vous êtes le seul à tagger, vous induirez simplement la personne qui utilisera votre tag inadapté en erreur, et elle pourra être (mais pas forcément, car la sérendipité emprunte parfois de drôes de chemins…) mécontente de trouver le document ainsi taggé en réponse à sa requête.

Maintenant, il est possible d’utiliser le tag de façon différente : non pour faciliter l’apparition de la portion d’information taguée en réponse à une requête portant sur le sens, mais pour créer de manière conventionnelle un lien entre des contenus divers, qui permettra de les regrouper dans un but particulier. L’exemple des hashtags dans twitter correspond à ce cas : lorsque l’on souhaite faire en sorte de créer un fil thématique dans twitter, il suffit d’ajouter un hashtag et de communiqur la signification de ce hashtag à la communauté de gens susceptibles d’être intéressés, et le tour est joué. C’est le cas de tous les hashtags concernant un événement, conférence ou autre, qui permettent de suivre tous les tweets de ceux qui publient des micro-billets en direct depuis l’événement concerné.

Un autre exemple aujourd’hui, assez spectaculaire :

Amazon permet aux visiteurs de son site de tagger les livres mis en vente sur son site. Sur la version française d’Amazon, on ne parle pas de « tags » mais de mots-clé. Les visiteurs peuvent ajouter des mots clés à un livre, en choisissant de voter pour des mots-clés déjà présents ou d’ajouter des mots-clés de leur choix si ceux-ci ne figurent pas déjà dans la liste existante.

Le corolaire est bien sîr qu’il est possible d’effectuer une recherche via ces mots-clé. Faites-donc une recherche sur amazon US avec le tag « 9 99boycott », et essayez de deviner ce que peuvent bien avoir de commun les livres qui apparaissent en réponse.

Allez, je vous aide je vous donne le lien. Et puis je vous traduis l’information sur la signification de ce tag, disponible dans une discussion, toujours sur le site amazon, associée au tag en question :

 » Le prix des livres pour le Kindle ont augmenté.
Juste aujourd’hui, j’ai trouvé un roman pour 10 $ dans la boutique Kindle alors que la version grand format est disponible pour 9 $.
Adressons un message aux éditeurs :
Faire payer 11$ un roman en livre de poche sans livre de poche est ridicule.
Faire payer 18$ pour une version numérique pour un livre contenant essentiellement des photographies, qui font piètre figure sur le Kindle, est ridicule.
Faire payer 12 $ un livre sur le monde des affaires alors que nous pouvons l’obtenir chez Costco (soldeur américain) en 2 semaines pour 9,99 $ est ridicule.
Passons à l’action !
Déposons le tag « 9.99boycott » sur tous les livres numériques dont le prix dépasse 9,99 $ !
Il suffit d’utiliser le formulaire sotué en bas de l’écran d’une fiche ouvrage et de saisir le tag «9.99boycott» (sans les guillemets) , puis de cliquer sur le bouton.
C’est facile.
J’ai déjà commencé.

Pourquoi ?

Les livres pour le Kindle sont un peu comme des tickets de cinéma. Alors que vous pouvez relire le livre, vous ne pouvez pas :
– le donner à une bibliothèque
– le vendre dans une librairie d’occasions
– le vendre sur la place de marché occasion d’Amazon
– le revendre à un ami

Et, bien sûr, le livre n’a pas de papier donc il n’a pas de coûts de production. L’éditeur ne paie pas pour le papier, la colle, l’impression, l’assurance, l’encre, l’emballage ni le transport.
Amazon n’a pas besoin de stocker dans son entrepôt, ni de payer des équipes pour préparer les expéditions, ni de payer les envois.
Le prix doit refléter ces faits très importants.
Nous n’avons pas acheté nos Kindle, avec la promesse d’une utilité pratique et des prix bas des livres numériques, pour être ainsi baladés avec des tactiques basées sur une offre-appât bientôt suivie de changements brutaux. »

On pourrait s’étonner qu’Amazon laisse s’insaller sur son site une campagne de boycott de ses produits. Sauf si l’on pense qu’Amazon, comme de nombreux autres acteurs du secteur du livre numérique, ne sera pas mécontent de faire pression sur les éditeurs, car il s’agit bien d’une adresse aux éditeurs. Des prix bas pour Amazon, c’est plus de livres numériques vendus, plus de Kindle vendus, des consommateurs satisfaits. C’est la possibilité d’un décollage plus rapide d’un marché sur lequel Amazon s’est positionné très tôt aux USA, et qu’il pourrait étendre très rapidement en Europe. C’est une l’opportunité de consolider sa position de leader ayant adopté un modèle vertical : « je lis un livre numérique acheté sur Amazon avec mon Kindle acheté sur Amazon. Je ne lis que des livres achetés sur Amazon avec mon Kindle, , (sauf si je suis rusé) je ne lis qu’avec mon Kindle les livres achetés sur Amazon (sauf si j’ai un iPhone) »

J’ai trouvé cette information sur le blog de Kassia Krozser, et elle est très incisive dans le commentaire qu’elle adresse aussi aux éditeurs :

« La voix des consommateurs va devenir de plus en plus forte. Peut être qu’autrefois, vous pouviez prétendre que vous saviez mieux que nous ce qui était mieux pour nous, mais ces temps sont révolus. Réfléchissez à ceci ; il y a un tag Amazon qui explique aux clients non initiés que vos livres sont en train d’être boycottés. Parallèlement, ceux qui s’engagent dans ce boycott font quelque chose d’encore plus vilain ; ils achètent les livres de vos concurrents et laissent les vôtres dans leur caddie virtuel. »

Lire aussi à ce sujet :

Martyn Daniels sur Brave New World : PriyWorld : ebook princing
Priya Ganapati dans Wired : Kindle Readers Ignite Protest Over E-Book Prices

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Guerre et paix

Guerre :

« A la différence de la confrontation des majors avec le numérique, la guerre à venir à toutes les chances d’être plus brutale, plus rapide et plus efficace que celle que mène encore l’industrie du disque. Le plan de bataille édicté par le SNE est d’ailleurs un constat d’échec tant il n’est guère qu’un plan de défense face à une attaque qu’il devine, lui aussi, imminente. Si l’industrie du livre n’a de toute évidence rien appris de l’expérience des majors du disque, qui peut imaginer un instant que dans le camps adverse, aucune leçon n’at été apprise afin de mettre au point les stratégies de la guerre à venir ? » (Fabrice Epelboin – ReadWriteWeb)

tags : confrontation guerre brutale bataille défense attaque adverse

Paix :

« Dans un univers numérique, la clé du succès, c’est le dialogue. Dans le monde du livre, cela suggère le dialogue avec un auteur vivant, certes, mais aussi avec d’autres lecteurs, ou d’autres participants à l’écosystème qui prend forme autour d’une Œuvre. Par conséquent, par delà les infrastructures, les formats, les modèles commerciaux, etc. ceux qui réussiront le mieux seront ceux sauront tirer profits des dialogues — par tous les moyens; par ceux qui leur conviennent, ne serait-ce que par courriel, par un blogue, etc. Qu’ils soient auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, etc. Je m’émerveille d’ailleurs en voyant apparaître, chaque jour, de nouvelles initiatives qui s’inscrivent dans cette dynamique conversationnelle. » (Clément Laberge – du cyberespace à la cité éducative)

tags : dialogue émerveille apparaître dynamique-conversationnelle

Je sais pas, vous, mais moi, je préfère la paix. Je préfère le travail de Clément auprès des éditeurs, en France pendant plusieurs années et maintenant au Québec, à l’agressivité d’Epelboin envers les éditeurs. Nous n’en sommes qu’au tout début d’un changement qui modifie la manière dont nous lisons, écrivons, publions, apprenons, nous informons, échangeons. Les modalités de ce changement, ses conséquences, méritent autre chose que les sempiternelles vociférations contre « les éditeurs ». Ce n’est pas un secteur que je défends ici, c’est une manière d’être. Je préfère saluer les expérimentations plutôt que souligner les maladresses, aider à la compréhension plutôt que me gausser des retardataires. Accompagner le changement, et non le jeter à la face de ceux qu’il concerne.

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Le Règlement entre Google et les éditeurs et auteurs américains : une présentation

Trouvé sur le blog de Dave Kellog, CEO de Mark Logic dont je parlais hier, cette présentation du Règlement Google Recherche de Livres, plutôt bien faite :

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